Matières premières: le paradoxe chinois

Rentrée difficile pour les matières premières : ces marchés ont vécu un lundi noir la semaine dernière, comme les marchés d'actions, en Chine et sur le reste de la planète. La Chine est désignée comme responsable du trou d'air des matières premières, pourtant, l'Empire du milieu n'en a jamais autant importé que cet été...

C'est le paradoxe chinois des matières premières. Les marchés se font peur, ils évoquent l'hypothèse d'un atterrissage brutal de l'économie en Chine lorsque paraît la semaine dernière un indice manufacturier plus faible. Les bourses chinoises plongent, puis toutes les bourses d'action de la planète, entraînant vers le bas les cours des matières premières. Pétrole et cuivre se retrouvent à leur plus bas niveau depuis la crise de 2009.

Pourtant, la Chine n'a jamais autant acheté de matières premières que cet été : par rapport à l'an dernier, elle a importé 7 % de plus de cuivre, 30 % de plus de pétrole, 70 % de plus de caoutchouc, deux fois et demi plus de blé, douze fois plus de maïs. Au total, 21 matières premières ont vu les importations chinoises grimper de plus de 20 % en juillet, par rapport à l'an dernier. Dont 15 produits sur 7 mois.

« La demande n'a pas baissé et surtout pas en Chine, observe l'économiste Philippe Chalmin. La baisse des prix des matières premières est due à une situation généralisée de surproduction ou de surcapacité. » Des récoltes abondantes dans l'hémisphère Nord et pour les produits du sous-sol, il y a eu trop d'investissements ou de forages décidés lorsque les prix étaient très élevés. La Chine n'est pas responsable des 3 millions de barils par jour d'excédents de pétrole, ni des 100 millions de tonnes d'excédents de minerai de fer.

Si la Chine est responsable, c'est d'avoir laissé grossir une bulle financière autour de certaines matières, comme le cuivre, dont le tiers était stocké par les entreprises, uniquement pour obtenir des crédits dans les banques chinoises.

« La chute des prix des matières premières [de la semaine dernière] est très spéculative, reconnait Didier Julienne, expert des métaux. La baisse des prix à long terme est liée à la surproduction. Mais certains producteurs ne vont plus pouvoir produire très longtemps à des prix aussi bas, il y aura des faillites, les volumes vont donc baisser. Les prix pourraient alors commencer à se redresser, peut-être d'ici la fin de l'année. »

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