Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
Des papys en pantoufles, un thermos de thé sous le bras. Non, ceci n'est pas un foyer du troisième âge, mais une salle de courtage pékinoise. L'ambiance pourrait difficilement être plus morose. Depuis deux mois, ce retraité voit partir en fumée toutes ses économies. « C'est un désastre, dit-il. J'espère que le gouvernement nous sortira d'affaire. C'est lui qui a créé cette bulle. Les gens ont investi dans la Bourse sur le conseil du Quotidien du peuple (l'organe de presse officiel du PCC, NDLR). Le marché s'est d'abord envolé, puis a brusquement chuté. Le gouvernement ne peut quand même pas nous laisser seuls maintenant ! »
Encouragés par le gouvernement, des millions de petits investisseurs ont tenté leur chance à la Bourse. Un choix que cette dame de 80 ans regrette amèrement : « Nous espérons que le gouvernement sauvera le marché. Mais va-t-il le faire ? Je viens tous les jours, puisque mon argent est bloqué ici ! Même si je ne fais plus confiance au marché, qu'est-ce que je peux faire ? Nous n'avons aucune idée de la raison pour laquelle la Bourse est en chute libre. L'indice était monté à 5 100 points, mais il a dégringolé tellement vite que nous n'avons pas pu nous sauver. » L'indice composite vient de passer sous la barre fatidique des 3 000 points. Une fois les écrans éteints, après cette nouvelle journée noire, les petits porteurs quittent la salle, incrédules, la tête entre les épaules.