« Je crois que c’est évident maintenant que la vraie question n’était jamais la Grèce. La vraie question était l’avenir de l’Union européenne, du projet européen et surtout la réponse au dilemme "une Europe d’austérité, une Europe libérale ou une Europe fidèle à ses traditions sociales". Et on a vu la division dans l’Eurogroupe, exactement sur ces lignes et pas sur les lignes nationalistes. »
« Soit on accepte ces propositions qui sont néocoloniales soit on fait fasse à la mort subite de notre économie dû au jeu des banques. »
On a le choix entre deux mauvaises solutions : « on va céder parce qu’un compromis forcé vaut mieux que la mort subite de notre économie mais il faut comprendre que la démocratie ne doit pas fonctionner comme ça. »
« Ce que la plupart des membres de l’Eurogroupe demande c’est la reddition de notre gouvernement, parce qu’ils veulent démontrer qu’il y seulement une orthodoxie possible, une politique économique possible en Europe, le néolibéralisme. Nous sommes opposés à ceci et nous continuerons à nous opposer mais il faut d’abord sauver notre pays! »
La création d’un fond qui regrouperait 50 milliards d’actifs grecs au Luxembourg pour garantir la mise en œuvre des privatisations est-il le point qui n’est pas acceptable ?
« Le point qui n’est pas acceptable c’est la réduction de notre souveraineté fiscale. (..) On nous demande de transférer notre richesse nationale hors du pays, sans contrôle quelconque. »
« Notre 1er Ministre a essayé de faire comprendre à nos interlocuteurs que la Démocratie en Europe ne survivra pas ! Der Spiegel [quotidien allemand] a décrit les propositions de nos interlocuteurs comme un catalogue d’horreurs et il a raison. »
La participation du FMI est aussi une ligne rouge selon vous ?
« Une institution qui n’est pas européenne ne peut pas jouer un rôle primordial dans les questions des affaires européennes. En plus, le FMI adopte toujours un agenda néolibéral pur, ils sont des talibans du néo-libéralisme donc leurs accorder le mot final pour ce qui se passe dans notre économie n’est pas une bonne idée. »
Circule sur les réseaux sociaux l’expression d’un « coup d’Etat » de l’Allemagne ?
« C’est une expression vraiment dure mais le comportement, les exigences, toute cette ambiance à laquelle nous faisons face est aussi dure... »
Sur le référendum organisé la semaine dernière et qui a contribué à crisper les négociations :
« Regretter la Démocratie, c’est la dernière chose que je veux regretter ! »
Quelles différences entre les propositions que le 1er Ministre grec a présenté aux créanciers et précisément le plan européen qu’il avait demandé à ces concitoyens de refuser par référendum ?
« Sur le niveau fiscal, on a accepté pratiquement toutes les propositions de nos créanciers mais nous voulions aussi avoir un espoir de sortir de la crise donc nous voulions un soulagement de la dette, techniquement possible mais jusqu’à ce moment ça nous avait été refusé et vous comprenez que ça, c’était contre la raison, pas seulement contre la Démocratie ; le FMI lui-même avait dit dans un rapport récent que la dette grecque était insoutenable, qu’on ne pouvait faire face à cette réalité ! C’est vraiment partie du chantage ça. »
« Maintenant nous sommes face à un dilemme : soit on accepte des propositions draconiennes, soit on aura une mort subite de notre économie car il n’y a pas d’économie réelle qui peut fonctionner sans les banques. […] Pour nous la priorité est de faire à nouveau fonctionner notre économie, on peut donc accepter ces propositions mais sachant que c’est le résultat d’un chantage, c’est pas un choix libre. »
« On continuera de lutter. On a une tradition très ancienne de résistance en Grèce et nous savions dès le début que nous étions seuls dans ce moment là parmi les gouvernements européens mais il y aura des élections en Espagne , en Irlande, au Portugal, on a espoir d’un changement des rapports de force soit possible. »