Le modèle Uber retoqué par la justice californienne

Uber la start-up qui concurrence les taxis va-t-elle devoir revoir son modèle économique ? Un tribunal de San Francisco estime que ses chauffeurs sont bien des salariés et non des indépendants.

Le jugement rendu par la commission du travail de San Francisco pourrait faire date, car pour la première fois est passé en revue de façon détaillée la relation unissant les chauffeurs à la start-up. Premièrement Uber enquête sur ses chauffeurs avant de les accepter : cela relève bien de conditions d'embauche. Deuxièmement il les évalue en permanence et peut les rayer de son offre s'ils remplissent mal leur tâche, ou s'ils restent inactifs pendant au moins 180 jours.

Tous ces contrôles impliquent donc une vraie relation de patron à salarié, et non un contrat passé avec un sous-traitant. La conclusion est sans appel : les chauffeurs sont des salariés comme les autres et non des indépendants. Mrs Berwick, la plaignante qui a travaillé quelques mois pour Uber sera donc remboursée pour les 4000 dollars de frais occasionnés par son travail, comme elle le réclamait, et comme le lui reconnait le Code du travail.

Pour cette start-up estimée à 50 milliards de dollars, pas question de laisser passer un tel jugement : Uber a annoncé hier qu'il faisait appel

Cette décision pourrait avoir un impact considérable sur son développement. Depuis sa création il y a 5 ans, l'entreprise prétend être une pure application disponible sur internet mettant en relations chauffeurs et clients. Une grosse PME en quelque sorte avec 1000 salariés et 1 million de chauffeurs à travers le monde. Cette définition extra light l'exonère des charges que doivent acquitter les sociétés traditionnelles de taxi envers leurs chauffeurs.

Évidemment, si demain aux États-Unis - un pays qui constitue son premier marché - on considère qu'Uber a des salariés et qu'elle leur doit une assurance santé, une retraite, son modèle explose. Présent aujourd'hui dans une cinquantaine de pays, la start-up fait face à une myriade de procédures judiciaires, dans 5 autres États américains, en Chine, ou encore en France. La question soulevée par ce jugement californien va au-delà du seul cas d'Uber, son concept a fait des émules et contraint globalement les entreprises conventionnelles qu'elles concurrencent à réviser leur mode de fonctionnement.

C'est ce qu'on appelle « l'uberisation » de l'économie

Un phénomène global où chaque particulier, client potentiel peut se transformer en fournisseur de services à ses heures perdues. Pour le moment ça marche parce que le service proposé est souple et bon marché. Ce modèle est-il viable à long terme ? Pour quel type de société ?

C'est à ces questions de fond que la justice, en Californie ou ailleurs, tente de répondre. Sur le plan économique, Uber et ses clones peuvent constituer un revenu relais ou complémentaire, mais ils font d'abord la fortune de leurs inventeurs. Dans une étude sur la montée des inégalités publiée en début de semaine, des économistes du FMI démontrent que l'emploi flexible tend à enrichir les plus aisés et appauvrir les plus précaires.
 


♦ En bref dans l'actualité économique :

Les Grecs se ruent sur les bitcoins

C'est un des supports en vogue pour se prémunir du risque de sortie de l'euro ou de contrôle des capitaux. Vaultoro, l'une des plates-formes d'échange de la monnaie virtuelle, a constaté ces deux derniers mois un pic des achats de bitcoin en provenance de serveurs grecs. Par ailleurs, les Grecs continuent à retirer leurs économies des banques.

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