Chocolat et pétrole, ces industries craignent la régulation européenne

Les chocolatiers et les groupes pétroliers craignent un durcissement de la régulation financière européenne, qui va modifier le fonctionnement des marchés à termes de matières premières.

Les industries du chocolat et du pétrole voient leurs intérêts se confondre face au prochain durcissement de la réglementation européenne. Le Financial Times révèle que le chocolatier Mars, mais aussi l’Association européenne du cacao ont cosigné avec les groupes pétroliers BP, Shell, et le négociant d’hydrocarbure Vitol une lettre à la Commission européenne contre la nouvelle directive sur les marchés financiers, Mifid II. Un texte qui prévoit d'imposer des limites de position aux opérateurs sur les marchés à terme pour près de 2000 matières premières. Il prévoit également d'exiger de ces opérateurs des fonds propres beaucoup plus fournis en capitaux. En clair, d'avoir les épaules aussi larges que les banques. Une aberration selon les négociants, ou les industriels, qui estiment ne pas menacer le système financier, parce qu'on ne demandera jamais au contribuable de les sauver !

Toutes ces nouvelles contraintes européennes en revanche augmenteront de centaines de millions d'euros les coûts de couverture pour les opérateurs du chocolat ou du pétrole sur les marchés à terme. Ce qui risque de les faire fuir des marchés financiers européens vers les marchés financiers asiatiques, moins exigeants. D'où la mobilisation aux côtés de l'industrie chocolatière et pétrolière, des bourses de commerce présentes en Europe, ICE et Euronext, qui signent également la lettre inquiète adressée à Bruxelles. Cela risque, estiment-ils, de diminuer la liquidité, c'est-à-dire les capitaux disponibles sur les marchés à terme européens, et donc de rendre ces marchés encore plus manipulables, l'objectif inverse de celui de la Commission. Sans compter l'augmentation des prix du chocolat ou des carburants à la pompe que ces exigences supplémentaires de Bruxelles impliqueraient pour le consommateur européen, plaident les lobbies du pétrole et du chocolat, qui espèrent être rejoints par ceux des céréales et des oléagineux.

Partager :