Le chômage de masse est une réalité douloureuse, incontournable au sud de la zone euro. Plus de 13 % de chômeur au Portugal et en Italie, 16 % à Chypre, 23 % en Espagne, 25 % en Grèce. La situation assez désespérée du marché du travail dans les pays du sud n'est pas une question qui relève des seules politiques nationales, elle concerne toute la zone euro, avec un chômage moyen de 11,3 % selon les derniers chiffres disponibles et cela va durer promettent les experts de la BCE.
Malgré la reprise manifeste un peu partout en Europe, le chômage restera à deux chiffres, c'est-à-dire supérieur à 10 %, même quand la demande se sera complètement redressée. Mario Draghi le patron de la BCE n'y va pas par quatre chemins : ce marché du travail à deux vitesses dans la zone euro menace à long terme la bonne santé de l'union monétaire, c'est un facteur d'explosion de l'union.
Pourquoi la reprise ne suffit-elle pas à résorber le chômage ?
Le mal dont souffre la zone euro selon Olivier Blanchard, l'économiste en chef du FMI présent à Sintra, serait la permanence d'un sous-emploi chronique alors que la cause, la récession, a disparu. C'est ce qu'on appelle en physique un processus d'hystérèse. Cette théorie mathématique a été utilisée en économie pour expliquer la persistance du chômage.
La récession couplée au manque d'investissement provoque une forte hausse du chômage. Comme le phénomène dure, il engendre une déqualification de la main d'oeuvre. Les entreprises ne forment plus leur personnel. Et ceux qui ont perdu leur emploi oublient peu à peu leur savoir-faire ou n'ont pas les moyens de le mettre à jour. D'où le manque de ressort pour générer de la croissance, même quand la demande redevient dynamique.
Comment sortir de ce chômage de masse ?
Les banquiers centraux, les économistes présents à Sintra ont bien des petites idées, mais aucune certitude sur le sujet, pas de solution clé en main. Ce qui marche au nord ne fonctionnera pas automatiquement au sud. En choisissant ce thème de réflexion, la banque centrale européenne a pointé du doigt les limites de son mandat. Contrairement à la réserve fédérale qui agit aux États-Unis pour contrôler le niveau des prix et de l'emploi, la gardienne de l'euro ne se préoccupe que de l'inflation ou de la déflation.
Faute de levier d'action, le patron de la BCE a une nouvelle fois enjoint les gouvernants à faire enfin les réformes structurelles d’abord pour rendre le marché de l'emploi plus fluide au niveau national, et ensuite pour compléter l'union monétaire par plus de convergence des politiques économiques et fiscales au niveau de toute l'Europe.
♦ En bref dans l'actualité économique :
L'économie africaine va repartir de plus belle en 2015 selon la Banque africaine de développement
+4,5 % de croissance cette année, +5 % en 2016. C'est la première fois depuis le début de la crise financière que la BAD est aussi optimiste. Ces prévisions établies avec l'OCDE ont été publiées à l'ouverture de l'assemblée annuelle de la BAD.
La banque du Vatican renoue avec de copieux bénéfices
Son bénéfice net est passé de 2,9 millions d'euros en 2013 à plus de 69 millions. Un résultat obtenu par une meilleure gestion du portefeuille du siège et la fin des dépenses exorbitantes et douteuses. L'IOR, Institut des œuvres pour la religion, est dirigé depuis l'année dernière par le Français Jean-Baptiste de Fransu.