Athènes attend depuis neuf mois le versement d'une tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros, qui s'inscrivent dans le cadre des 240 milliards d'aide promis depuis 2010. Mais ses bailleurs que sont le FMI, la BCE et la Commission européenne trainent des pieds pour débloquer l'argent. En cause : la lenteur de la Grèce à engager les réformes tant attendues.
Un dilemme pour le Premier ministre, Alexis Tsipras, dont les promesses électorales étaient à contre-courant des exigences de ses bailleurs de fonds. Bloquées depuis le mois de février, les discussions s'intensifient, car des échéances de remboursement de prêts approchent. Le 5 juin, Athènes doit verser 1,5 milliard d'euros au FMI en quatre fois. Au total, le pays doit rembourser 11 milliards d'euros à ses créanciers entre le mois de juin et le mois d'août, principalement à la BCE.
En manque de liquidité, le gouvernement grec agite la menace d'un défaut de paiement. Le temps est compté et une solution doit être trouvée très rapidement. D'autant que dans la même période, le pays doit également renouveler pour 5,2 milliards de bons du Trésor, des emprunts d'Etat et sortir 2,2 milliards d'euros pour payer les salaires des fonctionnaires, les retraites et le fonds de sécurité sociale. Face au choix cornélien, la dette ou les salaires, Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances, a tranché en déclarant que « les salaires et les pensions sont sacrés, une priorité absolue ». Le ministre préfère « un défaut envers le FMI, plutôt que sur les salaires ».
Un coup de bluff ou une réelle incapacité de la Grèce à se sortir du marasme ? Athènes sait qu'elle n'a plus vraiment le choix, mais joue quand même la carte de la pression. Et puis, un petit défaut de paiement pourrait faire accélérer les négociations. Le problème c'est que ce bras de fer dure depuis des mois, et à force de crier au loup sans jamais le voir, plus personne n'y croit. Mais cette fois-ci, la situation est beaucoup plus tendue et le mois de juin s'annonce très compliqué pour Alexis Tsipras.
La porte de sortie pourrait venir du côté du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Selon le journal grec To Vima, la Commission européenne pourrait ne verser que la moitié des 7,2 milliards d'euros d'aide, somme correspondant à la part de la BCE et de l'Union européenne, sans rien exiger sur la réforme du travail. En échange, le Parlement grec devra adopter avant l'été un train de mesures fiscales efficaces. Bruxelles dit ne pas être au courant d'un tel scénario et déclare poursuivre le travail sur la base d'un accord complet.
La voie est étroite pour le Premier ministre Tsipras, qui doit affronter le mécontentement des Grecs. Il y a donc des lignes rouges que le gouvernement ne veut pas et ne peut pas franchir, comme réformer le code du travail, baisser les retraites et les salaires des fonctionnaires. Après six années d'austérité, le peuple grec ne veut plus faire de sacrifices pour rester dans la zone euro. Et ça, les bailleurs comme le gouvernement grec l'ont bien compris.
Reste qu'un défaut partiel ne serait pas synonyme d'une sortie de l'euro, que d’ailleurs personne ne souhaite. Mais avec une dette à 180 % du PIB, la situation de la Grèce est insoutenable, et les créanciers en conviennent. Un assouplissement et un allègement raisonnable de la dette permettraient à chacun de sortir la tête haute.