La bataille de la communication s’intensifie entre les protagonistes de la crise grecque. Ce matin, la banque de Grèce révèle que le gouvernement a puisé dans un fonds d'urgence pour honorer les 750 millions de remboursements dus et payés rubis sur l'ongle aujourd'hui au FMI. « Il n'y aura plus d'argent dans les caisses d'ici 15 jours », a déclaré hier Yanis Varoufakis, le ministre des Finances, à l'issue de l'Eurogroupe. Faut-il vraiment s’en effrayer ? La situation des finances grecques est certes de plus en plus dégradée, mais pas encore désespérée, selon l'analyste de Saxo banque.
D'après Christopher Dembik, dans le pire des scénarios, Athènes pourrait encore vendre les bijoux de famille de l'État, des actifs estimés en 2014 à 87 milliards d'euros. Les Grecs ont dans les prochaines semaines plusieurs échéances à honorer, représentant des montants qui se chiffrent à chaque fois en centaines de millions d'euros, mais le véritable mur infranchissable ne se dressera pas devant eux avant le 20 juillet, quand il faudra sortir 3 milliards 500 millions d'euros. La crise grecque pèse sur les marchés, l'angoisse est palpable, mais les négociateurs ont encore un peu de temps devant eux.
Quels sont les obstacles à un accord ?
Des concessions politiquement coûteuses pour Syriza. Le gouvernement d'Alexis Tsipras élu pour mettre un terme à l'austérité devra sans doute remettre à plus tard ses promesses de réévaluation du SMIC, des retraites. Pour présenter au mieux le paquet cadeau à ses électeurs le gouvernement dramatise le récit des discussions. Les créanciers eux aussi durcissent leur discours.
La BCE aujourd'hui laisse entendre qu'elle pourrait resserrer le robinet qui garantit la survie aux banques grecques. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble s'est déclaré hier ouvert à la tenue d'un référendum en Grèce, une déclaration surprenante, en 2011 la même proposition de George Papandréou avait suscité la colère et la ferme opposition des ténors Européens et cela avait conduit à sa démission.
Bruxelles n'aurait donc plus peur d'un Grexit ?
C'est ce que laisse entendre cette déclaration fataliste. Pour les bons connaisseurs du dossier grec, c'est plutôt un nouvel artifice, un mouvement tactique destiné à modifier le rapport de force. Une victoire du non ne relève pas que de la politique intérieure grecque comme a l'air de le penser le ministre allemand des Finances, un non ferait entrer toute l'Europe en territoire inconnu. La sortie de la Grèce de la zone euro serait financièrement coûteuse pour la dette italienne ou espagnole et politiquement hors de contrôle.
Avec la menace d'un Brexit à l'ouest l'Europe, peut-elle se payer le luxe d'une autre crise sur son flanc est ? Faute d'alternative crédible, les négociations, même si elles sont lentes, continuent. Hier Yanis Varoufakis, qu'on disait hors course, s'est entretenu pendant 40 minutes avec Wolfgang Schaüble. La Grèce attend depuis l'été dernier le versement des 7 milliards 200 millions d'euros promis par ses partenaires. C'est l'ultime tranche du deuxième plan de sauvetage, mais pas le dernier coup de main, car la Grèce aura besoin d'un troisième plan, voire d'un effacement de sa dette.
♦ En bref dans l'actualité économique :
En Chine les ventes de voitures trébuchent
En avril les ventes sur un an ont baissé de 0,5% en avril. La Chine reste le premier marché mondial de l'automobile, un marché toujours en forte progression sur l'année, +7 % attendu, mais les usines pourraient se retrouver dans les deux ans qui viennent en surcapacité. Un nouveau signe du ralentissement global de l'économie chinoise.