Kering repasse à l'offensive et ça pourrait faire mal pour le chinois Alibaba, déjà chahuté en Bourse depuis quelques mois. Cet automne, Wall Street lui a fait un accueil triomphal. Mais après avoir acheté la caverne, les spéculateurs sont en train de vendre les 40 voleurs. L'action Alibaba a perdu 20 % depuis son pic de novembre.
Et il n'y a pas que la Bourse et les entreprises lésées qui ne supportent plus ces pratiques douteuses. Dans un rapport publié en janvier, le régulateur chinois du commerce et de l'industrie estime que seul un produit sur trois proposé sur la plateforme entre particuliers est authentique, et il reproche au site sa passivité face à cette forme de délinquance. Jack Ma, le fondateur du groupe, a l'ambition de dépasser Amazon en se développant sur le marché américain et européen. Pour y parvenir, il doit à tout prix se débarrasser de cette image de receleur.
Alibaba juge la plainte de Kering infondée
C'est la réponse officielle fournie aujourd'hui par la voix de son porte-parole. Et puis il y a la riposte technologique : le site chinois annonce qu'il va doter ses produits d'un code QR, un genre de code barre à deux dimensions pour identifier chacun des produits mis en ligne. La solution a été concoctée par la start up israélienne Visualead, dans laquelle Alibaba a pris une participation en janvier dernier.
Ce type de code est courant en Occident pour accéder à un lien internet. En Chine, c'est devenu un outil d'authentification, explique la start up qui a des bureaux à Pékin. L'Oréal et Ferrero ont ainsi équipé du nouveau sésame chacun de leurs produits proposés via Alibaba, car chaque code correspond à un seul objet et ne peut être utilisé qu'une seule fois.
Kering avait déjà porté plainte contre Alibaba, pourquoi une nouvelle procédure ?
Il avait abandonné sa première plainte après avoir ouvert des négociations à l'amiable avec Alibaba. Ce qu'il reproche aujourd'hui au chinois, c'est de manquer d'enthousiasme dans la mise en oeuvre des engagements pris. Le français, qui agit entre autres au nom de Gucci, Balanciaga et Yves-Saint-Laurent, sait bien que ses clients ne préfèreront jamais les copies à l'original et qu'ils sont prêts à dépenser des sommes folles pour acquérir ces babioles.
A condition que leur usage reste rare. Si le port du sac Gucci se banalise, l'original pourrait perdre son pouvoir d'attraction. D'où la vigilance du groupe dirigé par François-Henri Pinault. Plus que les dommages et intérêts qu'il pourrait obtenir, c'est bien une barrière de haute protection qu'il entend ériger via la justice américaine pour ses produits phares.
EN BREF DANS L'ECONOMIE :
En Allemagne, les achats d'or ont augmenté de 20 % au premier trimestre de cette année
Un boum qui intrigue : est-ce la crise grecque qui pousse les Allemands à convertir leurs économies en lingots, s'interrogent les experts. Autre hypothèse avancée pour expliquer cette hausse des ventes d'or, inhabituelle dans une économie avancée : la peur de la déflation. Elle alimenterait outre-Rhin le regain de passion pour le métal jaune.