Demain à Wall Street, Alibaba pourrait aimanter jusqu'à 24 milliards de dollars. Si ce montant est atteint, on sera bien dans la plus grande introduction boursière de tous les temps. On compare souvent Alibaba à Amazon, cette société est pourtant plus proche d'eBay, puisque ce n'est pas elle qui achète, stocke et écoule la marchandise, elle ne fait qu'organiser les flux. Elle met en relation sur la Toile clients et fournisseurs. Avec plusieurs plates-formes internet, y compris sur mobile, et un système de paiement formant un écosystème complet, c'est sa force. Et la caverne d'Alibaba est à la mesure du pays qui l’a vu naître. Alibaba détient à lui seul les trois quarts du marché chinois du commerce en ligne. A la Saint Valentin chinoise, qui est la grande journée des promotions, Alibaba réalise un chiffre d'affaires 5 fois plus important que la somme totale des dépenses en ligne des Américains pendant le « black Friday ». Cette entreprise privée dégage des bénéfices records, son revenu est en progression exponentielle. Cela ressemble à une success story à l'américaine et c'est pourtant une réussite 100% chinoise.
Alibaba, la nouvelle vitrine du capitalisme chinois
Cette facette n'apparaissait pas dans notre écran jusqu'à maintenant. Les groupes publics et parapublics constituent toujours la colonne vertébrale de la croissance chinoise. Les usines où l'on fabrique toute la quincaillerie exportée dans le monde fournissent travail et revenus aux familles chinoises. Mais de plus en plus, ce sont les entreprises privées qui réalisent les bonds en avant. Et qui innovent. La Chine a commencé par copier ce qui se faisait de mieux, elle est maintenant en mesure de défier les Américains et le reste du monde sur le terrain du numérique, un domaine qu'on croyait entièrement dominé par les Etats-Unis avec les Google, Facebook, Twitter et autres start-up.
Amazon a de quoi s'inquiéter ?
Une fois coté à Wall Street, Alibaba fera presque le même poids en valeur que le groupe de Jeff Bezos. Le Chinois a bien l'intention de s'attaquer au marché européen et américain. Cette nouvelle étape dans son développement est naturelle, mais le succès, lui, n'est pas garanti. A l'abri de la grande muraille de Chine, Alibaba a évidemment bénéficié de la bienveillance de l'Etat, certains de ses actionnaires sont d'ailleurs membres des familles dirigeantes, selon le New York Times. Mais en Europe, ou aux Etats-Unis, il devra s'adapter seul, sans paravent. Et puis le groupe traîne des casseroles qui vont de pair avec sa nationalité. Beaucoup de produits vendus par son intermédiaire sont des copies, Alibaba doit s'attendre à faire face à des poursuites judiciaires pour ses pratiques sévèrement condamnés en Occident.