-1,9 % seulement, disent en substance les médias officiels russes. Car la contraction est moindre que ce que prévoyaient les instituts indépendants. Comme si les sanctions occidentales avaient juste égratigné la Russie. C'est vrai que ces derniers temps, la spectaculaire remontée du rouble a laissé entrevoir de meilleures perspectives. En décembre, il fallait sortir 100 roubles pour obtenir un euro ; ce matin 56 suffisent. Ce rebond de la devise suit en fait la courbe du pétrole. Le baril de Brent a repris des couleurs et du coup, les caisses des compagnies pétrolières russes, comme celles de l'Etat, se regarnissent.
Par ailleurs, certains secteurs se sont adaptés aux sanctions, en ont même bénéficié. L'agroalimentaire par exemple produit à tout va, pour pallier la fin des importations de produits carnés et laitiers décidés au Kremlin en représailles aux sanctions. La baisse du rouble a aussi favorisé la chimie, à nouveau compétitive face aux produits turcs ou coréens. Voilà pour les bonnes nouvelles qui font illusion. Le quotidien des Russes, lui, s'est considérablement dégradé.
Les Russes consomment de moins en moins
L'inflation, qui a culminé à 17 % en mars, a d'abord provoqué une flambée d'achats. Un phénomène qui a surtout concerné la classe moyenne, soucieuse de transformer ses économies en biens solides avant que la dépréciation du rouble ne les fasse disparaitre. Cet accès de fièvre acheteuse a été de courte durée.
Faute de crédit bancaire, les Russes par exemple reportent l'acquisition d'une voiture. Le marché automobile est tombé à son plus bas niveau depuis dix ans. Et parfois faute de revenus, les familles limitent même les dépenses alimentaires. Les arriérés de salaires ont explosé et 5 millions de foyers ne peuvent plus rembourser leurs dettes. Pour soutenir les banques fragilisées par ces ardoises, le gouvernement a d'ailleurs prolongé son programme de soutien jusqu'au premier octobre.
Les investissements ont aussi fortement reculé, -6 % en un an
C'est la dimension la plus accablante de la récession russe, car le manque d'investissements aura des répercussions durables. Avant le début des hostilités avec l'Ukraine, et alors que le baril de pétrole rapportait encore de juteux revenus, la croissance russe s'était déjà ramollie, faute de diversification. Cette faiblesse s'est amplifiée sous l'effet de la baisse du pétrole et des sanctions occidentales.
Aujourd'hui, les sociétés russes sont totalement coupées des marchés de capitaux. Moscou a suffisamment de réserves pour honorer ses dettes et aider les entreprises à faire face à leurs remboursements. Mais c'est autant de moins pour l'investissement. Sans les capitaux, comme le savoir-faire étranger, la Russie sera bien en peine de renouer avec la croissance. C'est pourquoi la Banque mondiale, comme la Berd, tablent non pas sur une mais deux années de récession.
EN BREF DANS L’ECONOMIE :
D'après l'OCDE, l'Australie garantit le salaire minimum le plus élevé au monde
Une fois les taxes déduites, une heure de travail est payée au minimum 9,45 dollars en Australie. Dans ce classement des 27 pays qui ont légiféré en matière de salaire minimum établi en dollar américain, la France est cinquième, les Etats-Unis 11ème et le Royaume-Uni bon dernier.