Qui a fait gagner Cameron? L’économie idiot!

A la surprise générale, les conservateurs ont remporté haut la main les élections générales au Royaume-Uni. Le Premier ministre David Cameron a gagné sur son bilan économique ; il doit maintenant remporter une nouvelle bataille, celle du référendum sur le « Brexit ».

 

En tête de ce bilan, il y a un succès indéniable en matière d'emploi, déterminant dans les urnes. Car le fait d'avoir ou pas un travail modifie profondément l'humeur, l'orientation de l'électeur quand il choisit son bulletin. En France, le président Hollande a déclaré qu'il ne se représenterait pas en 2017 s'il échouait à faire reculer le chômage.

Et bien David Cameron lui s'est présenté devant les électeurs avec un bilan 100 % positif sur ce front. 1 800 000 emplois créés en cinq ans, voilà le chiffre dont se glorifie David Cameron. Il y a de quoi, c'est plus que ce qu'ont fait tous les autres pays d'Europe réunis. Un exploit quand on sait que dans le même temps, plus d'un demi million d'emplois publics ont été détruits, sacrifiés sur l'autel de l'austérité.

Le revers : une moindre sécurité pour les salariés

On cite volontiers les contrats à 0 heure, qui réduisent les salariés à un état de dépendance totale à l'égard de leur employeur. C'est certes aujourd'hui une composante notable du marché britannique, mais encore minoritaire. L'auto-entrepreunariat est en revanche la grande nouveauté du mandat de David Cameron. 15 % des nouveaux emplois créés sont le fait d'indépendants, de freelance.

Cet essor s'est fait au détriment des contrats classiques, plus protecteurs. Et des salaires. Au Royaume-Uni, les salaires réels sont encore inférieurs de 10 % à leur niveau d'avant la crise. Avec le chômage et l'arrivée massive de travailleurs immigrés, les employeurs ont préféré sous-payer leur main d'oeuvre plutôt que d'améliorer leur productivité. C'est la grande faiblesse de ce retour vers le plein emploi.

Les marchés sont euphoriques et pour le moment peu inquiets du référendum promis par David Cameron sur la sortie de l'UE

La livre et la Bourse grimpent, les obligations d'Etat flanchent. Les marchés sont visiblement enchantés par la victoire des conservateurs. Les milieux d'affaires sont majoritairement hostiles à une sortie de l'Union européenne, mais aujourd'hui ils font l'impasse sur ce risque pour se réjouir surtout de l'échec des travaillistes. Car la City redoutait les impôts sur les plus riches et les régulations promises par Ed Miliband.

On verra mieux dans les jours qui viennent comment la perspective de ce référendum est perçue par les investisseurs. En proposant cette consultation pour neutraliser l'Ukip, le parti europhobe qui menaçait son camp, David Cameron a déclenché une bombe à retardement. Ce calcul électoral a bien marché, reste à voir comment David Cameron va gérer cette échéance.

Sur le plan économique, le « Brexit » ne fera que des vaincus, et le plus grand perdant sera le Royaume-Uni. D'après les estimations d'une fondation allemande, la perte en Produit intérieur brut sera bien supérieure à la contribution actuelle de Londres au budget européen.

 

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