Pétrole: une embellie des cours très fragile

Les prix du pétrole ont progressé de 50 % en trois mois, mais c'est une embellie fragile.

Le prix du baril a franchi 60 dollars à New York et 68 dollars à Londres, contre 45 dollars en janvier dernier. Le pétrole a donc gagné 50 % en trois mois ! L'embellie est due à plusieurs facteurs, le regain du dollar, l'aggravation de l'insécurité au Moyen-Orient avec le conflit au Yémen, la nouvelle interruption des exportations libyennes à l'est du pays et la diminution des forages de pétrole de schiste aux États-Unis. L'Arabie saoudite vient d'augmenter, c'est un signal, le prix de ses livraisons aux États-Unis et à l'Europe de l'Ouest, qui se remettent à acheter du pétrole. De leur côté les fonds d'investissement font leur grand retour dans les contrats à terme et les options sur les marchés pétroliers, persuadés que les prix ont touché un plancher, et que l'heure est au rebond des cours.

Pourtant, aux yeux des acteurs pétroliers, comme les compagnies, et de beaucoup d'analystes, cette embellie des cours est très fragile. Certes la demande pétrolière s'est améliorée, mais pas suffisamment pour éponger le surplus, juge Philippe Sébille-Lopez, du cabinet Geopolia. L'OPEP, Arabie saoudite en tête, produit 2 millions de barils de trop, par rapport aux besoins quotidiens, pour ne rien céder de sa part de marché à la Russie et aux États-Unis. Quant à la production américaine, si elle a décéléré, avec moitié moins de forages de pétrole de schiste, elle n'a pas encore diminué et pourrait même repartir de plus belle si les cours se maintiennent au-dessus des 60 dollars.

Il est trop tôt pour conclure que l'Arabie Saoudite a gagné son pari, estime Francis Perrin, de Stratégies et politiques énergétiques, le marché n'est pas encore équilibré. C'est plus à un yoyo des prix du pétrole qu'à une ascension continue qu'il faut s'attendre. Sans compter que le retour de l'Iran sur le marché pétrolier se profile, au plus mauvais moment, c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles les États-Unis font traîner les négociations sur le nucléaire, et donc retardent la levée des sanctions contre Téhéran.

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