Arabie Saoudite: révolution de palais mais pas de révolution pétrolière

Le nouveau roi d'Arabie Saoudite modifie la direction de Saudi Aramco, la société nationale du pétrole, mais pas de changement de stratégie en vue.

La révolution de palais en Arabie Saoudite ne se traduira pas par une révolution pétrolière. Certes, le nouveau roi Salman resserre les rangs autour d'une branche de la famille royale. Son jeune fils, deuxième héritier au trône et déjà ministre de la Défense, est également propulsé à la tête du nouveau Conseil suprême, créé pour orienter la stratégie de la compagnie pétrolière nationale Saudi Aramco.

Mais la direction de la compagnie reste aux mains de techniciens du pétrole, la direction exécutive est confiée à Amin al-Nasser un ingénieur dont la réussite dans l'exploration des gisements Ras Tanura et Safaniya est louée. Il remplace Khalid al-Falih, qui a lui aussi fait toute sa carrière chez Aramco mais qui, nommé ministre de la Santé pour lutter contre le coronavirus, prend de la hauteur à la tête d'Aramco en tant que président du conseil d'administration, à la place d'Ali al-Naimi.

Pour sa part, Ali al-Naimi, toujours ministre du Pétrole, et ce depuis 20 ans, aura 80 ans cet été, et devait donc fatalement passer la main. Il n'empêche que, de fait, le lien est rompu entre le ministère saoudien du Pétrole et la direction d'Aramco.

Le ministère du Pétrole pourrait en fin de compte échoir à Abdellaziz, le fils du roi Salman. C'est une façon de redonner à la compagnie publique pétrolière toute latitude commerciale, c'est-à-dire produire au maximum de ses capacités, ce qu'elle fait déjà depuis plusieurs mois, puisqu'elle a abandonné délibérément son rôle d'amortisseur de la chute des cours.

Désormais, la stratégie d'Aramco est de ne rien perdre de sa part de marché et, grâce à ses coûts de production imbattables - 8 à 28 dollars le baril - d'évincer les productions qui ont des coûts plus élevés, notamment les pétroles de schistes américains, mais aussi obliger la Russie à diminuer sa production, et contrarier l'Iran, dont le retour sur le marché pétrolier est la hantise de Riyad.

La montée en puissance de la pétrochimie et du raffinage devrait être renforcée. Déjà premier producteur et exportateur mondial de brut, Aramco ambitionne de devenir deuxième producteur et exportateur de produits pétroliers et gaziers derrière les États-Unis d'ici deux ans.

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