Malgré le plongeon des prix du brut, les grandes compagnies pétrolières s'en sortent plutôt bien en ce début d'année. Les résultats du premier trimestre étonnent même les analystes. Le français Total, le britannique BP et l'italien ENI voient reculer leurs bénéfices nets (respectivement de 20 %, 26 % et 46 %). Mais beaucoup moins que prévu par rapport au premier trimestre 2014, où le pétrole se vendait à plus de 100 dollars le baril.
Les trois majors ont compensé la chute des prix en augmentant leur production : Total a par exemple extrait davantage de pétrole en mer du Nord, en Angola et au Nigeria. Et comme son concurrent BP, Total a bénéficié de l'embellie de deux secteurs favorisés par la chute des cours : le raffinage et le trading. Les marges des raffineries, dont la matière première était moins chère, se sont améliorées. Et les majors ont beaucoup misé sur l'achat et la vente de pétrole y compris celui qu'elles ne produisent pas. BP est une des championnes en la matière, la compagnie britannique prévoit de revendre en 2015 pour plus d'un milliard de dollars de pétrole achetés à prix plancher.
Il n'empêche que le secteur est fragilisé, les compagnies se séparent de certains actifs, reportent des décisions d'investissements, renégocient les contrats avec leurs sous-traitants, de plus en plus mal en point. Vallourec le fabricant français de tubes pour les forages, vient à son tour d'annoncer 2 000 suppressions d'emplois. Les fusions ou rumeurs de fusion refont leur apparition. La compagnie néerlandaise Shell va racheter le britannique BG Group. Et le champion britannique BP devient à son tour une cible depuis qu'il s'est délesté de ses actifs, et alors qu'il n'en finit pas d'indemniser les victimes de la marée noire de 2010, dans le golfe du Mexique. Le Premier ministre David Cameron a déjà fait savoir, même s'il a peu de moyens pour s'y opposer, qu'il était contre l'acquisition par une compagnie étrangère de ce fleuron.