Total demande à la Chine de financer son projet gazier russe Yamal. Le groupe français subit indirectement les sanctions occidentales contre la Russie. Les sanctions américaines sont particulièrement redoutables, puisqu'elles empêchent les projets russes de bénéficier de prêts en dollars. Or c'est de plus de 20 milliards de dollars qu'a besoin le projet russe Yamal pour être finalisé.
Un projet colossal, les plus grandes réserves de gaz de la planète, mais situé sur la péninsule du « bout du monde », traduction de Yamal dans la langue des Nenets, la communauté qui vit dans cette région de Sibérie occidentale, au nord du cercle arctique. Une région couverte par le permafrost, ce qui obligera à évacuer le gaz, une fois qu'il sera liquéfié, à bord de méthaniers brise-glace presque toute l'année.
C’est au prix de travaux gigantesques et de technologies coûteuses, que les premières livraisons de GNL sont envisagées en 2018. Si Total a renoncé à exploiter le pétrole de schiste de Sibérie occidentale, la major française tient à Yamal. Reste à trouver les derniers financements quand, au même titre que toutes les compagnies pétrolières, Total voit fondre ses liquidités avec la chute de moitié des cours du brut en moins d'un an.
Lorsque les sanctions américaines s'en mêlent et empêchent les prêts en dollars, quelle autre solution que de se tourner vers la monnaie chinoise, le yuan ? Total se tourne donc vers les banques et les fonds d'investissements chinois, en espérant qu'ils ouvriront grand les vannes pour lui prêter l'équivalent de 10 à 15 milliards de dollars, jusqu'à la moitié des fonds nécessaires pour forer le gaz russe de Yamal. Il est vrai que la majorité des 16 millions de tonnes annuelles de gaz prévues seront destinées à la Chine, déjà actionnaire à 20 % du projet via China National Petroleum.