Dans cette Union européenne qui se prévaut de garantir la paix sur le Vieux Continent, les blessures ouvertes depuis la Seconde Guerre mondiale ne sont pas toutes refermées. C'est ce que découvre l'Allemagne avec stupéfaction. Une Allemagne une nouvelle fois contrainte à se plonger dans son passé hitlérien.
La Grèce a été occupée pendant plus de trois ans par les nazis. Elle a enduré des famines, des massacres, des déportations, des destructions massives et un prêt forcé à 0 % qui a privé la banque centrale de ses réserves d'or. Dans la ferveur de la reconstruction allemande, les réparations de guerre ont été réduites à la portion congrue et surtout remises à plus tard.
Au moment de la réunification, Berlin considère le dossier définitivement clos avec l'accord signé en 1990 avec ses alliés, dont la Grèce. Mais les Grecs n'ont jamais oublié, et le gouvernement Syriza a eu le culot de porter sur la place publique ces revendications, que les gouvernements précédents n'avaient osé formuler.
70 ans plus tard, la Grèce évalue les réparations à 150 milliards d'euros
On entend même le chiffre de 332 milliards d'euros. Il n'y a pas de lien de cause à effet entre les réparations de guerre impayées et la débâcle des finances grecques. Mais on est tentés de faire le rapprochement, car la fourchette haute représente la totalité de la dette publique grecque.
Si la Grèce obtenait l'effacement de 50 % de sa dette, comme Syriza l'a réclamé pendant la campagne des législatives, la question des réparations serait pour ainsi dire réglée. Cette logique politico-financière est un peu forcée, et pourtant, il y a aujourd'hui en Allemagne, dans tous les partis, des voix qui s'élèvent pour rouvrir le dossier.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a fait un geste vendredi en évoquant l'extension du fonds d'avenir germano-grec, un fonds créé l'année dernière. Ce matin dans la presse allemande, le patron de la diplomatie grecque suggère la création d'un conseil des sages germano-grec. L'idée fait donc tranquillement son chemin.
Un couple de retraités allemands a même anticipé en faisant un chèque à la ville de Nauplie la semaine dernière
Ludwig et Nina, en vacances dans le Péloponnèse, sont allés en personne à la mairie de Nauplie pour remettre 875 euros au titre, ont-ils précisé, de la dette allemande. Leur effort, ont-ils expliqué, est proportionnel à leurs moyens. La presse grecque a évidemment adoré la démarche.
Alexis Tsipras a-t-il évoqué cette démarche au cours de son rendez-vous à Berlin pour justifier ses demandes ? Pas sûr qu'Angela Merkel apprécie. Et puis le Premier ministre n'a pas vraiment intérêt à braquer la chancelière, car le sort de son pays dépend plus que jamais du bon vouloir de l'Allemagne, devenue le premier créancier de la maison Europe. Les deux dirigeants donnent en ce moment même une conférence de presse, il y a fort à parier qu'ils sont attendus sur ce sujet.
EN BREF DANS L’ECONOMIE
Le Fonds monétaire international est prêt à coopérer avec la future Banque chinoise de développement
Christine Lagarde l'a clairement déclaré à Pékin, où elle participait à un forum économique. Cette banque d'investissement dans les infrastructures est déjà un succès diplomatique total pour Pékin. On verra si elle tient ses promesses en matière de développement.