L’Inde desserre le crédit

Le gouverneur de la Banque centrale indienne a annoncé une baisse surprise de son taux directeur. Les milieux d'affaires s'en réjouissent. 

Enfin une bouffée d'oxygène pour l'économie indienne. Depuis un an, le taux principal de la Banque centrale plafonne à 8 %. C'est une plaie pour les entreprises qui ont des dettes à rembourser ou qui cherchent à faire un crédit pour investir. Cette première détente d'un quart de point est donc salutaire pour les affaires. Ce n'est qu'un début. D'autres devraient suivre dans l'année, car comme l'a expliqué Raghuram Rajan, le gouverneur de la Banque centrale, c'est le contexte qui a motivé sa décision.

L'inflation, un fléau historique en Inde, est en train de ralentir considérablement. Sur les marchés, les prix des fruits et légumes refluent depuis septembre. Et surtout l'Inde, un importateur net de pétrole, profite à fond de la baisse des cours du brut. Le spectre d'une inflation à deux chiffres s'éloigne, l’inflation était proche de 0 en décembre, en rythme annuel elle pourrait retomber à 6 % cette année.

Ce changement de cap monétaire arrive à point nommé pour Narendra Modi

Ce changement était attendu, mais pas aussi rapidement. En jouant la surprise, Raghuram Rajan a renforcé son effet. Il a clairement donné un coup de pouce au Premier ministre. Elu pour redresser l'économie il y a un an, il a du mal à imposer ses réformes. On a vu il y a quelques jours les mineurs se mettre en grève contre l'ouverture du marché du charbon. Il a dû très vite les rassurer pour mettre un terme à ce qui pouvait devenir un mouvement social de grande ampleur.

Au moment où la Chine ralentit, l'Inde apparait cette année comme l'un des rares pays porteurs de dynamique. Et si la tortue indienne rattrapait le lièvre chinois dans son rythme de développement ? C'est ce que prévoit la Banque mondiale d'ici deux ans.

Ce phénomène de désinflation est sensible dans d'autres pays importateurs de pétrole ?

Tout à fait. Et comme la plupart des pays asiatiques sont des importateurs nets de pétrole, la hausse des prix retombe chez eux, comme en Inde, et les banques centrales en ont pris acte. La Chine a commencé à desserrer ses taux en novembre ; elle pourrait poursuivre dans cette voie cette année. On attend des décisions similaires en Corée du Sud et en Thaïlande.

Car tous ces pays, s'ils saluent l'accalmie sur le front des prix, sont confrontés à une baisse de la demande mondiale et donc à un ralentissement de leur activité qui commence à être préoccupant. Attention aux effets collatéraux de cette baisse des taux : les emprunteurs vont profiter de l'aubaine et les dettes pourraient s'envoler à des niveaux hors de contrôle, c'est un danger connu de longue date en Chine. Là encore, c'est un nouveau foyer de bulle financière qui menace. 


 

EN BREF DANS L’ECONOMIE

Au Royaume Uni, 37 entreprises montrées du doigt et sanctionnées pour non respect du salaire minimum

Ce salaire minimum, de l'ordre de 8,4 € de l'heure pour les plus de 21 ans, de grandes marques comme le champion suédois du textile H&M ont oublié de l'appliquer à leurs employés. Ces mauvais payeurs devront acquitter une amende et rattraper les sommes dues. C'est ce qu'impose le gouvernement depuis deux ans.

L'industrie pétrolière commence à tirer les conséquences de la baisse des cours

Cela passe par l'annulation d'investissements de l'ordre de 6,5 milliards de dollars pour Shell. Et encore plus brutal : cela passe par des emplois en moins. BP a annoncé ce matin la suppression de 300 emplois en mer du Nord.

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