Frappes sur les raffineries contrôlées par le mouvement EI en Syrie

Les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et leurs alliés arabes ont frappé mercredi 24 septembre les 12 raffineries de pétrole contrôlées par l'organisation Etat islamique dans l'est de la Syrie. C'est la première fois que la coalition antijihadiste s'en prend à ce type d'installations.

Beaucoup de chiffres circulent. Dans sa conquête des territoires, l'organisation armée de l'Etat islamique aurait mis la main sur une douzaine de champs pétroliers, toutefois il ne faut pas s'imaginer de grands sites pétroliers. Il s'agit de champs pétroliers de taille inégale, on parle d'un grand champ en Irak et de plusieurs petits en Syrie. Certains étaient à l'arrêt soit parce qu'ils n'étaient plus rentables ou tout simplement épuisés. Les jihadistes de l'organisation EI ont construit de toutes petites raffinerie artisanales, rudimentaires, qui permettent juste de produire du carburant de contrebande, plus particulièrement du diesel, l'essence étant trop complexe à produire. Certaines estimations avancent que l'organisation de l'Etat islamique produirait actuellement entre 30 000 et 50 000 barils de brut et produits pétroliers raffinés par jour, qui lui rapporteraient quotidiennement jusqu'à 3 millions de dollars, des chiffres à prendre avec une certaine réserve, car rien ne permet pour l'instant d'établir avec certitude la quantité de pétrole vendue par le groupe armé.

Du pétrole de contrebande

Pour écouler sa production, le groupe armé emprunte des anciens chemins de contrebande avec les pays limitrophes. Le pétrole est vendu essentiellement en Turquie, seul marché contigu où ils peuvent vendre à un prix intéressant, et un peu en Syrie. De très faibles quantités ont été vendues au-delà de la Turquie. Aujourd'hui, le gouvernement d'Ankara s'attaque à ce trafic et veut stopper la vente au marché noir de ce diesel de contrebande, qui s'achète bien sûr à un moindre prix. Des contrôles ont été menés à travers tout le pays dans les stations-service turques, la police aurait saisi, selon l'expert en pétrole Pierre Terzian, 41 000 litres de diesel illicite.

Assécher les finances de l'organisation

Certes, il y a ce volet pétrolier mais il y aussi celui de la finance. Le groupe EI est présenté comme l'une des organisations terroristes les plus riches, avec près de deux milliards de dollars. Elle a aussi besoin de beaucoup d'argent pour financer ses combattants et l'administration de son nouveau territoire, qui est aujourd'hui équivalent à la taille du Royaume-Uni. Alors, certes, en frappant les champs pétroliers, la coalition veut assécher les finances de l'organisation terroriste, mais il y a d'autres sources de financement. Dans un premier temps, l'organisation a bénéficié de dons, plusieurs millions de dollars, des pays du Golfe, comme le Qatar et l'Arabie saoudite qui l'ont soutenue au moment de l'insurrection syrienne, des aides qui se sont ensuite taries. Il y a aussi les quelques 500 millions récupérés après le casse de la Banque centrale de Mossoul en juin dernier. Aujourd'hui, l'organisation s'autofinance et n'hésite pas à recourir au racket en prélevant des impôts dans les zones occupées. Le pillage de pièces archéologiques en Syrie et leur vente, les kidnappings et le trafics d'êtres humains sont également très lucratifs. Autant d'argent qui ne passe pas par les banques et qui rend très difficile la neutralisation des finances des jihadistes.

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