L'organisation Etat islamique aurait mis la main sur une douzaine de gisements très secondaires ou quasiment taris à l'est de la Syrie et au nord de l'Irak. Capacité : 50 000 à 100 000 barils par jour, rien au regard des 3,5 millions de barils par jour que produit tout l'Irak. « Plus qu'économique, la manne pétrolière du groupe terroriste est stratégique », résume Philippe Sébille-Lopez, du cabinet Geopolia. Elle permet avant tout d'alimenter les troupes en carburant. » Les jihadistes réquisitionnent les ingénieurs sur les gisements pour assurer la production et monter des raffineries de fortune, « un peu comme ça se passe dans le delta du Niger », commente l’expert. Le carburant est de mauvaise qualité, principalement du diesel, mais il permet de remplir les réservoirs des 4 x 4, des camions et des chars. Le diesel qui reste est vendu aux populations locales irakiennes, mais aussi en contrebande de l'autre côté de la frontière, en Turquie.
Du commerce illégal de carburant, donc, mais aussi certainement de pétrole brut, estime le spécialiste Francis Perrin : « En dehors du circuit des oléoducs, contrôlés par les douanes, il y a une forte tradition de commerce illégal de brut par camion-citerne dans toute la région, les frontières sont poreuses et les réseaux très rodés. Le pétrole brut aux mains des jihadistes peut donc très bien se retrouver mélangé à du brut du Kurdistan irakien, vendu à des raffineurs turcs, voire européens ».
La manne du pétrole pour l'organisation jihadiste reste néanmoins limitée, tout au plus 1,5 million de dollars par jour, selon Pétrole et gaz arabes. On est loin des 500 millions de dollars tirés du seul braquage de la Banque centrale de Mossoul ! En outre, « le financement par la contrebande de carburant pourrait se tarir », juge Pierre Terzian de Pétrostratégie, il y a les frappes contre les raffineries clandestines mais aussi « le durcissement du gouvernement d'Ankara : il vient de lancer un message clair en envoyant la police turque dans les stations-service pour saisir 41 000 litres de diesel illégal en provenance d'Irak ».