Le blé français ne se remet pas de l'été « pourri ». A cause des intempéries, la moisson n'est toujours pas terminée. Et si les quantités sont importantes, la qualité d'une partie de la récolte a été gâchée par le froid et la pluie. La teneur en protéines n'est pas formidable - même si elle est un peu meilleure que l'an dernier. Mais c'est surtout la teneur en amidon, propre à faire gonfler le pain, qui est médiocre. Deux critères sur lesquels ne transigent pas les importateurs de blé français.
Le négoce a-t-il été tenté de le mélanger avec d'autres blés européens pour satisfaire ces clients étrangers, au premier rang desquels l'Algérie ? Quelques cargos de blés anglais et baltes sont arrivés dans les ports français. Il s'agit uniquement de satisfaire l'industrie hexagonale, précise une source proche du négoce. Il n'est pas rentable d'importer du blé européen en France pour le réexporter en Afrique, poursuit-elle.
Quoiqu'il en soit, une lettre d'Alger rappelant les règles à ses fournisseurs a coupé l'épi sous le pied de ceux qui auraient envisagé d'expédier des mélanges. « Nous allons garder nos meilleurs blés pour l'exportation », promet l'Association française générale des producteurs de blé, et « nous travaillerons le reste de la marchandise pour satisfaire la demande française ».
Restera à écouler les quantités beaucoup plus importantes cette année de blé français déclassé en qualité fourragère. Il y a un débouché pour l'alimentation animale, en France et en Europe. L'avantage du blé c'est qu'il est à la fois source d'énergie et de protéines, alors que le maïs a besoin d'être complété par le soja.
Des camions et des barges de blé fourrager français ont déjà pris la direction de la Belgique et des Pays-Bas. Pourquoi pas l'Asie ? Ce serait une nouvelle destination pour le blé français, qui viendrait concurrencer le maïs américain. Mais là tout sera question de prix dans le choix des éleveurs.