A la Une: un dialogue social bien difficile

« Patrons, syndicats et gouvernement : pour une fois, entendez-vous ! » C’est le grand titre du Parisien ce matin, un grand titre en forme d’imploration, alors que s’ouvre ce lundi la 3e Conférence sociale sur l’emploi. Qu’est-ce qui bloque ? Et bien, répond le journal, c’est ce fameux « pacte de responsabilité et ses 40 milliards d’euros d’allègements de charges promis aux entreprises. Prenant début janvier, à la surprise générale, un virage "social-libéral", François Hollande mise l’avenir du pays sur la réussite de ce pacte. Une politique de l’offre à rebrousse-poil des classiques de la gauche keynésienne, mais totalement assumée par un Manuel Valls tenant de l’aile "blairiste" du PS. Problème, relève Le Parisien, si le Medef est d’autant plus allant qu’il vient d’arracher une avancée supplémentaire (le report d’un an sur la pénibilité), les syndicats traînent des pieds (CFDT), renâclent (FO) ou même, comme la CGT, menacent de claquer la porte. Bref, soupire Le Parisien, la sociale-démocratie à la française apprend encore à marcher… »

En effet, l’heure n’est pas à l’apaisement, renchérit Sud-Ouest : « Des enfants capricieux ou turbulents, Dieu sait si syndicats et patronat le sont, s’exclame le journal. Ils le sont d’abord parce que leurs bases respectives se radicalisent, qu’il s'agisse de celle du Medef, exaspérée par les réglementations croissantes, ou de celle de la CGT, comme on vient de le voir à la SNCF. Ils le sont aussi parce qu’ils ont à faire à un pouvoir politiquement affaibli par des échecs électoraux, ce qui ouvre la voie à tous les chantages, à toutes les pressions. C’est ainsi que chacun ou presque y est allé de sa menace de boycott, pointe Sud-Ouest, d’abord le Medef, qui a obtenu un sursis pour la mise en œuvre du compte pénibilité, puis la CGT et FO. Ils le sont enfin, relève encore Sud-Ouest, parce qu’il ne se passe plus grand-chose dans ce genre de conférence, qui relève effectivement de l’obligation mondaine plutôt que du dialogue social en profondeur. »

Un esprit constructif !

Justement, « et si l’on passait aux actes ? », s’agace Le Figaro. « Voilà bien le grand drame de la France, où le prétexte du dialogue social fait office de paravent commode pour ne rien changer. Où la manie de la table ronde tient lieu de politique. Mais en attendant, pendant les palabres, rien n’avance. Le diagnostic sur l’effondrement de la compétitivité française - surfiscalité, sur­réglementation, suradministration… - a beau avoir été mille fois posé par les experts du monde entier, les réformes attendent encore et toujours ». Et Le Figaro de conclure : « Avec 3,3 millions de chômeurs, zéro de croissance, un déficit et une dette qui s’envolent, il est plus que temps de s’affranchir de toutes ces préventions qui paralysent la France. En un mot, de prendre ses responsabilités. »

L’Humanité pour sa part s’en prend au gouvernement et, sans surprise, au patronat… « La troisième Conférence sociale du quinquennat de François Hollande est menacée de sombrer avant même de s’ouvrir, sous les coups de quelques Exocet tirés coup sur coup depuis le siège du Medef et l’hôtel Matignon », fulmine le quotidien communiste. Exemple : « La menace brandie par Pierre Gattaz de boycotter la Conférence a été immédiatement suivie par la promesse de Manuel Valls de reporter la prise en compte de la pénibilité dans le calcul des droits à la retraite. Ainsi, déplore L’Humanité, les travailleurs soumis aux conditions les plus difficiles, dangereuses et insalubres sont condamnés à attendre encore une improbable conversion des dirigeants du patronat à l’humanité. »

La Croix tente de faire la synthèse : « Pour parvenir à trouver des solutions durables à la crise française du travail, toutes les parties prenantes ont des efforts à fournir. Louis Gallois (ancien grand patron et très engagé dans la lutte contre l’exclusion) le soulignait lui-même hier dans Le Journal du Dimanche, rapporte le quotidien catholique : "il est temps que les chefs d’entreprise admettent ce qui est fait et payé par les ménages" en matière d’allégement de charges. Et, disait-il aussi, "il faut que les syndicats reconnaissent que l’entreprise est le lieu de la création des richesses". Cet esprit constructif est d’autant plus nécessaire, souligne La Croix, qu’il s’agit de politiques de longue haleine dont les résultats ne seront pas immédiats. Dans ce contexte, les menaces de boycott – qu’elles viennent hier du Medef ou aujourd’hui de la CGT et FO – sont peut-être tentantes au registre de la tactique, mais, au fond, inconvenantes face à des problèmes humainement aussi graves ».

Une nouvelle intifada ?

« Israël-Palestine : la haine en partage » : c’est le grand titre de Libération. Libération qui s’inquiète du possible déclenchement d’une « troisième intifada […] : les accrochages et les tensions, nombreux une semaine après la découverte des corps de trois jeunes Israéliens et la mort, en représailles, d’un ado palestinien, laissent craindre une escalade ».

Commentaire du journal : « On peut renvoyer dos à dos ou plutôt face à face les extrêmes des deux camps : les Palestiniens qui ont assassiné par balles trois jeunes Israéliens, les extrémistes juifs qui, selon la police, ont brûlé vif un enfant de 16 ans. Les familles des jeunes victimes ont chacune appelé au calme et dénoncé ces pulsions vengeresses. Il reste qu’aujourd’hui, Israéliens et Palestiniens paient des années de blocage du 'processus de paix', syntagme mensonger puisqu’il n’y a ni processus ni paix. L’Etat hébreu, premier responsable de cet enlisement, croit pouvoir poursuivre son refus de tout compromis, déplore Libération. Les gouvernements multiplient année après année les implantations de colonies empêchant de fait la création d’un Etat palestinien viable. […] On voit aujourd’hui les conséquences de cette obstruction. Une nouvelle intifada, donc, qui ne servirait que les extrémistes juifs et les islamistes du Hamas. Les gouvernements israélien et palestinien tentent d’arrêter cette course à l’abîme. Mais, l’Etat hébreu, estime Libération, doit montrer par des engagements concrets qu’il veut la paix. Pour que ces quatre adolescents ne soient pas morts pour rien. Il est plus facile de partager sa haine que sa terre. »

Objectif 2016

La Coupe du monde de football : trois jours après l’élimination des Bleus par les Allemands, les journaux n’en finissent plus de décortiquer cette défaite… « A Rio, des Français battus comme des bleus », s’exclame Libération. « Le manque d’expérience a été fatal à l’équipe de France face à une Allemagne abonnée aux demi-finales ». Mais l’expérience, c’est quoi ? Et bien, une somme de détails, relève le journal… Par exemple, « une perte de ballon d’Antoine Griezmann (23 ans), une faute inutile de Paul Pogba (21 ans) et un duel perdu de Raphaël Varane (21 ans) », et résultat : le but de Mats Hummel à la 15e minute…

Alors, Le Figaro s’interroge : « La France peut-elle gagner l’Euro 2016 ? » Peut-être, si les Bleus « gagnent en expérience et en maîtrise… […] Didier Deschamps a désormais deux ans de matchs semi-amicaux pour faire gagner en maturité un groupe qui ne devrait pas beaucoup évoluer dans sa composition. […] Ces 24 mois vont lui servir à affermir sa force collective et à tester quelques nouveaux jeunes susceptibles de lui amener une meilleure assise technique. Un travail d’horloger pour se préparer à monter en gamme à l’heure de l’Euro. »

Partager :