Intermittents: les abus dans l'audiovisuel

Le secteur de l'audiovisuel joue un rôle non négligeable dans la crise du système d'assurance chômage des intermittents dits 'du spectacle'. Une crise qui, en dépit des aménagements du gouvernement, menace de déboucher cet été sur des perturbations de Festivals.

Alors que le nouveau système d’assurance-chômage entre en vigueur au 1er juillet, le secteur de la culture est un peu la face émergée de l’iceberg. Car ce qui coûte, ce qui met en déficit d’au moins 320 millions d’euros ce régime d’assurances des Intermittents, ce ne sont pas tant les artistes que les techniciens de l’audiovisuel. Le secteur audiovisuel emploie en effet la moitié des quelque 100 000 intermittents qui perçoivent des allocations chômage tout en représentant les deux tiers de leur masse salariale. Le principe est connu : les intermittents travaillent 507 heures pendant dix mois, puis ils perçoivent une indemnité qui leur permet de compléter leurs revenus annuels. Si le nombre total de bénéficiaires de ce régime est resté stable depuis dix ans, le nombre d’allocataires a presque doublé chez les techniciens pour atteindre 60 000 alors que le nombre d'artistes a lui baissé dans le même temps, de 67 000 à 51 000.

On se demande si l’économie de l’audiovisuel n'abuse pas de ce système et ce, à tous les niveaux. Il y a d’abord le cas des intermittents qui quittent leur travail une fois effectuées leurs 507 heures pour se faire indemniser le reste de l’année et qui reprennent leur activité quand ils ont épuisé leurs droits. Mais il y aussi toutes ces sociétés, notamment de production, où il n’est pas rare de voir un employeur demander à un salarié de faire à l’œil plus de 507 heures pour laisser à l’assurance chômage le soin de compléter son salaire. C’est d’ailleurs pourquoi la réforme prévoit de durcir le délai entre la fin des périodes travaillées et le versement des allocations.

C’est ce différé dans le versement de l’argent qui a entraîné la mobilisation des intermittents même si l’Etat a accepté de le prendre à sa charge. Dans les théâtres, mais aussi sur les lieux de tournage comme pour la série « Plus Belle la vie », sur le plateau des « Guignols » de Canal+, on a observé des mouvements sociaux. L’audiovisuel public est loin d’être exemplaire. Il y a ce qui est justifiable sur un plan artistique ou éditorial : les contrats liés à une grille, à une saison. Mais il y a aussi quantité de petits contrats techniques qui, mis bout à bout, peuvent aller jusqu’à mille comme pour ce chef monteur employé pendant 21 ans à France Télévisions.

Il n'est donc pas étonnant que les intermittents soient sûrs de gagner aux Prudhommes. A France Télévisions, qui en emploie 3600, il a fallu en intégrer ou en indemniser plusieurs centaines. Coût estimé : 40 millions d’euros.

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