Après trois ans de conflit, une véritable économie de guerre s'est mise en place en Syrie, c'est-à-dire une économie non pas destinée à subvenir aux besoins de la population, mais à alimenter en priorité le budget des différents protagonistes afin de poursuivre les combats. Un exercice bien décrit dans le rapport rédigé par Jihad Yazigi pour le compte de l'Union européenne. Selon cet économiste syrien aujourd'hui installé au Liban, l'Etat Islamique en Irak et au Levant est sans doute l'un des acteurs les plus performants de cette économie faite de rapine, de trafic, et d'abord de spoliation des équipements publics. Les rebelles sunnites sont présents aujourd'hui dans le nord-est de la Syrie, d'Alep où est historiquement concentrée l'économie syrienne jusqu'à Deir Ezzor, où ils ont mis la main sur les principaux champs pétroliers. Ils ont également pris le contrôle de l'autre ressource stratégique de la Syrie, le blé, en saisissant les silos où les céréales récoltées sont entreposées.
Le marché du pétrole de l'automobile d'occasion fait fureur
Le commerce de ces matières premières est une importante source de revenus. C’est un commerce très organisé et dont les jihadistes ne sont pas les seuls bénéficiaires : divers groupes, factions ou tribus locales sont aussi actives sur ce marché du pétrole. Il existe d'ailleurs une nouvelle place d'échange, à proximité de la frontière turque, près de la ville de Manbij. Un marché assez artisanal, mais où l’argent coule à flot. Pour alimenter bien d'autres trafics, celui des armes bien sûr, mais aussi celui plus ordinaire, des voitures. L'importation des véhicules d'occasion en provenance de Bulgarie fait fureur dans le nord de la Syrie.
Les taxes mises en place par l'EIIL
Le marché du blé est l'autre filon juteux de la guérilla islamiste. Avec les moulins confisqués, l'EIIL est en mesure de fournir assez de farine pour couvrir les besoins quotidiens d'un million de personnes. En prélevant bien sûr son bénéfice sur les échanges. L'Etat islamique en Irak et au Levant a mis en place des taxes, droit de passage au barrage, ou encore un tout nouvel impôt sur la production agricole de 5% pour alimenter ses caisses, comme un embryon d'Etat.
Le pétrole d'Irak défendu par les Kurdes
La principale richesse du nord de l'Irak, c'est le pétrole. Mais il est hors de portée des jihadistes, car les gisements sont éloignés de Mossoul et soigneusement défendus par les Kurdes. Dans l'immédiat, l'attaque de Mossoul a surtout permis de puiser dans les coffres forts de la Banque centrale irakienne qui a une filiale dans cette ville. Des devises d'une valeur équivalant à plusieurs centaines de millions de dollars y sont entreposées, un butin considérable pour acheter des armes par exemple.