Matteo Renzi a de quoi plastronner ce soir à Bruxelles. L'ancien maire de Florence, arrivé à la tête de l'Italie à la faveur d'un coup d'Etat contre son propre camp, il y a à peine trois mois, est le gouvernant européen qui a réalisé le meilleur score aux élections européennes avec 40% des voix pour son Parti démocrate, distançant sérieusement le mouvement antieuropéen de Beppe Grillo. Matteo Renzi a aujourd'hui la légitimité pour préciser ce que doit être l'Europe de demain. Car Matteo Renzi veut « changer l’Europe et ses politiques économiques ». Il l'a dit dès son arrivée au pouvoir. Rome, qui prend la présidence tournante de l'Union européenne à compter du premier juillet, entend être un moteur de la renaissance européenne, pourquoi pas dans la ligne de ce que le jeune président du conseil pratique chez lui ? Car son tour de force électoral, c'est bien d'avoir démontré qu'on pouvait à la fois être proeuropéen et s'affranchir de la sacro-sainte austérité imposée par la patronne allemande de l'Union européenne.
Son principal fait d'arme en matière économique, c'est d'avoir dit stop à l'austérité en rendant du pouvoir d'achat aux petits revenus
Dès la fin mai, les Italiens gagnant moins de 1 500 euros bénéficieront d'une ristourne fiscale de 80 euros par mois pour relancer la consommation. Matteo Renzi a fait aussi des cadeaux fiscaux aux entreprises pour muscler sa relance. Un acte d'indépendance à l'égard de Bruxelles que peut s'autoriser l'Italie, parce que pour le moment son déficit est contenu, c'est-à-dire inférieur aux fameux 3% du produit intérieur brut. Cette orthodoxie budgétaire donne aussi à l'Italie la force qui manque à la France pour parler haut. Réforme du Sénat, coup de rabot sur les salaires mirobolants des hauts fonctionnaires, l'heure est aux économies drastiques. Mais le plus difficile reste à faire. Le Rottamatore, le « destructeur », c'est comme ça qu'on le surnomme depuis son arrivée au pouvoir, doit reconstruire l'Etat et réformer le marché du travail. Deux dossiers ultra-sensibles où il va se heurter à la résistance des syndicats et de tous ceux qui tirent profit de cet Etat tentaculaire et inefficace. S'il réussit, il aura démontré au reste de l'Europe qu'il existe une autre voie que la seule austérité.
Comment sa politique est-elle perçue dans les milieux économiques ?
Les réactions épidermiques sont bonnes, hier la Bourse de Milan a pris 3% pour saluer sa victoire dans les urnes, mais le corps du pays est encore souffrant comme en témoigne un chômage à 13%, à 40% chez les jeunes. L'absence de croissance au premier trimestre a rappelé que la péninsule n'était pas encore arrivée au bout de ses peines.