C’est un classique, la Chine s'enrhume, et voilà les marchés qui toussent. On les comprend. En matière de cuivre, les Chinois sont des clients de choix. La Chine, c'est 40 % de la consommation mondiale.
Pendant des années, et la croissance allant, le métal rouge a servi au câblage des immeubles, aux avions ou aux usines. Mais, récemment, le cuivre en Chine a changé de nature. C'est devenu un outil financier. L'essentiel du métal importé, le métal pur, est utilisé par des entreprises chinoises pour garantir les prêts alloués par des banques plutôt conciliantes avec les comptabilités bancales, sachant qu'elles pourront à terme se rembourser avec la vente du cuivre stocké. En 2013, 80 % du cuivre importé en Chine est passé directement dans ce réseau de financement parallèle.
Et puis, la semaine dernière, une entreprise s'est retrouvée en défaut de paiement. Incapable de rembourser ses dettes. Le système bien huilé a déraillé, et les autorités chinoises ont décidé de faire un grand ménage, préférant voir les crédits alloués transformés en investissements plutôt qu'en milliers de tonnes de cuivre stockés jamais utilisés. D’autant que la Chine produit, elle aussi. Dans les mines de cuivre que ses entreprises possèdent ici et là en Afrique, notamment, en Zambie ou en RDC, mais aussi au Pérou. A tel point d'ailleurs qu'elle envisagerait cette année d'exporter un peu de son propre métal.
C’est dans leur culture, les Chinois aiment jouer et spéculer. « Les marchés sont un terrain de jeux, ses règles sont simples, il y a toujours un vendeur et un acheteur, rappelle le stratège en matière première Didier Julienne, et celui qui achète du cuivre aujourd’hui, alors que le cours est au plus bas, est un acheteur heureux. » Et il ne faudra pas s'étonner si les responsables du stock stratégique chinois affichent bientôt un large sourire.