Le décret du ministre des Mines donne 90 jours aux compagnies minières pour écouler leur stock de concentré de cuivre ou de cobalt. Au delà de cette date, seuls le cuivre et le cobalt transformés, c'est-à-dire au moins raffinés, pourront quitter le pays. La revendication n'est pas nouvelle : transformer les matières premières sur place plutôt que les exporter brutes, permet aux pays producteurs de créer des emplois et de conserver une partie de la valeur ajoutée qui sinon s'en va à l'étranger.
L'Afrique du Sud l'a fait dans le platine, elle a créé une industrie de fabrication de pots catalytiques qui utilisent ce métal précieux ; quant au Botswana, il a exigé que le géant du diamant De Beers installe ses bureaux chez lui. Il y a cinq ans, la République démocratique du Congo avait déjà instauré un embargo sur les exportations de cuivre brut mais l'avait rendu caduc depuis.
Entre temps les deux champions du cuivre dans le pays, Glencore et Freeport MacMoran, ont bien installé des usines de raffinage, mais pas les nombreuses compagnies canadiennes, chinoises, sud-africaines, qui extraient le cuivre et le cobalt dans la région du Katanga et l'envoient en Zambie, de l'autre côté de la frontière, pour son raffinage. Mettre au pas toutes ces sociétés risque d'être difficile.
Le gouverneur du Katanga lui-même s'est opposé à la nouvelle exigence du gouvernement central, il a déclaré que les exportations de cuivre et de cobalt non raffinés allaient se poursuivre, parce qu'il n'y a pas assez d'électricité pour les transformer en produit fini.
Si le sujet rebondit maintenant, c'est que les revenus miniers ne représentent encore que 15 % du budget de l'Etat congolais, et qu'en valeur absolue, ils sont en baisse, avec la chute des cours du cuivre, passés de 10 000 dollars à moins de 7 000 dollars la tonne en quelques mois. Le gouvernement veut revoir le code minier existant en RDC, notamment augmenter sa participation au sein des compagnies minières et cette nouvelle exigence de transformation des minerais à l'intérieur des frontières pourrait être un moyen de pression opportun.