Rio Tinto aura fait preuve de patience. Après avoir investi près de 7 milliards de dollars dans la « colline turquoise » de Mongolie, le géant minier australien avait d'abord eu du mal à récupérer le gisement des mains de son découvreur, le Canadien Ivanhoé. Ensuite Rio Tinto a dû négocier âprement avec son nouveau partenaire, l'État mongol, monté à plus de 30 % du capital.
La surenchère de nationalisme sur les ressources, pendant la campagne électorale, au printemps, les protestations sur les méfaits de l'extraction, à savoir les poussières, pour les éleveurs, ont finalement abouti à un accord le mois dernier. Une partie des revenus sera hébergée par les banques mongoles.
Toutes les parties avaient intérêt à voir commercialiser au plus vite le cuivre et l'or d'Oyu Tolgoï, un gisement de classe mondiale, digne des gisements chiliens et péruviens de cuivre, et qui avait demandé des investissements, on peut le dire, pharaoniques. La partie à ciel ouvert pourrait contenir quatre fois la pyramide de Giseh ; quant au puits souterrain, il est plus profond que la Manche...
À pleine production, 430 000 tonnes espérées d'ici 2020, la colline turquoise fournira à la Mongolie un tiers de son PIB. Une manne très attendue par les autorités d'Oulan Bator, qui voient les déficits se creuser et la monnaie plonger. Pour le géant minier Rio Tinto, c'est une nouvelle source de croissance qui lui permet de sortir de sa dépendance au minerai de fer australien.
Depuis janvier la mine d'Oyu Tolgoï produisait déjà du concentré de cuivre, dans une fonderie géante, la plus grande usine à ce jour dans le pays. Mais les premières expéditions n'ont commencé que cette semaine, par camion. Direction la Chine, à moins de 100 km de là. Un approvisionnement bienvenu pour le grand voisin chinois qui, malgré son ralentissement économique, manque de cuivre. Car les déchets de cuivre en provenance des pays industrialisés en crise se font très rares.