MtGox est la plus ancienne plate-forme qui permet d'échanger des bitcoins contre des devises classiques. Elle a été pendant longtemps le principal intermédiaire de cette nouvelle planète financière. Victime de hackers, MtGox a été contrainte de fermer son site. La société pourrait demain faire faillite, ce qui veut dire que ses clients risquent de perdre leur mise en bitcoins.
Tout comme les banques classiques ont eu peur d'être emportées par la débâcle de Lehmann Brothers en 2008, on peut imaginer que les autres plates-formes de bitcoins tremblent. D'autant plus que ce n'est pas le premier incident fâcheux pour l'image de cette monnaie digitale. Des pertes liées au système informatique, des vols commis par des cyber-criminels égratignent régulièrement la confiance des usagers. L'emploi du bitcoin pour des trafics sur internet a aussi terni sa réputation.
Et pourtant, avec les déboires de MtGox, le cours du bitcoin a baissé mais il ne s'est pas encore effondré. Sa valeur s'est même redressée sur certaines plates-formes.
Les autres plates-formes sont-elles à l'abri des attaques informatiques ?
C'est le discours qu'elles tiennent. La plate-forme française par exemple, Bitcoin Central, a revu récemment toutes ses procédures pour sécuriser les échanges. MtGox n'avait visiblement pas le niveau de sécurité suffisant pour contrôler la solvabilité des échanges. Elle a déjà été victime d'une attaque en 2011 et n'a pas su se doter des moyens informatiques pour défendre son coffre. Les concurrents de MtGox ont tout intérêt à se doter des moyens techniques et pourquoi pas juridiques qui rassurent les usagers s’ils veulent survivre à cette crise.
Pour le moment, le principal attrait de cette monnaie virtuelle, le fait qu'elle circule librement, que son cours soit fixé sur la seule base des échanges et non suite aux interventions d'une autorité de tutelle, se retourne contre elle.
Certains comparent volontiers le bitcoin au livre numérique : sa pérennité dépend plus du niveau de technologie que du contenu lui-même. C'est assez logique pour une monnaie créée ex nihilo à partir d'un code informatique.
Comment les autorités financières réagissent-elles à cette crise ?
Après avoir ignoré le problème, le Japon a finalement ouvert une enquête de police diligentée par le ministère des Finances. Les Etats-Unis, où MtGox a une antenne, ont également entamé des poursuites judiciaires. Cette fermeté judiciaire n'empêche pas les plus hautes autorités financières d'observer avec plus de curiosité que de dédain ce qui est encore un ovni financier. D'abord parce qu'il rencontre un grand succès parmi ses usagers et ensuite parce qu'il préfigure peut-être la monnaie du futur, comme le suggère ses promoteurs.
Comme le mail a enterré le fax, le bitcoin pourrait donner un bon coup de vieux au billet vert.