L'Ukraine appelle à l'aide

En Ukraine, le ministre des Finances par intérim a lancé un appel à l’aide internationale ce lundi 24 février matin. Les caisses de l’Etat sont vides. Il souhaite qu’une conférence des donateurs soit organisée au plus vite pour éviter la faillite.

L'Ukraine glisse dans le précipice, elle est au bord du défaut de paiement, a prévenu hier le président par intérim. Vendredi, l'agence Standard and Poor’s a pris les devants en dégradant la note souveraine de l'Ukraine dans la catégorie triple C, juste un cran au-dessus du défaut de paiement. Cette mauvaise note sanctionne la volte-face de la Russie. Car le chèque de 15 milliards de dollars promis en décembre par Vladimir Poutine pour soutenir Ianoukovitch avait rassuré les investisseurs. Mais voyant la contestation persister, Moscou a suspendu ses versements. Les taux d'intérêt à court terme sont passés en un mois de 5% à 35%. La devise, la hryvnia, continue à dégringoler et les Ukrainiens continuent, eux, à retirer leurs économies des banques.
Les finances de l'Etat, déjà en piètre état avant le début de l'Europamaiden, se sont brusquement détériorées au cours des derniers mois. Il faut donc au plus vite fournir de l'argent frais à l'Ukraine pour restaurer la confiance.

La Russie faisant machine arrière, le FMI peut-il prendre le relais ?

En théorie, oui, en pratique, ça se complique, car le FMI ne veut pas prêter à n'importe quelles conditions. Aujourd'hui comme hier, le Fonds va exiger des réformes que Ianoukovitch s'est refusé à entreprendre et que ses successeurs auront sans doute beaucoup de mal à avaliser. Supprimer les subventions à l'essence et au chauffage domestique, laisser filer la hryvnia sont les priorités fixées par Washington pour assainir l'économie. Mais le prix à payer est très lourd pour les consommateurs et le sujet est donc politiquement explosif. Dans l'immédiat, le FMI pourrait toutefois débloquer deux milliards de dollars via l'instrument de financement rapide mis en place pendant la crise de la dette européenne. L'autre bailleur sollicité par Kiev, c'est l'Union européenne.

L'Union européenne revient donc sur le devant de la scène avec son projet d'association

Ce projet conserve un grand intérêt pour l'Ukraine, car l'Union européenne est son premier partenaire commercial. C'est l'Europe de l'Ouest qui est son principal fournisseur, bien loin devant la Russie, et ce marché constitue un débouché aussi important que le marché russe. Mais les Russes menacent d'augmenter les droits de douane si le rapprochement avec l'Union européenne se concrétise. Ce chantage paraît aujourd'hui dépassé car les oligarques ukrainiens, ceux qui font et défont les gouvernements à Kiev, ceux qui contrôlent l'économie du pays, ont tranché en faveur de Bruxelles plutôt que Moscou en lâchant Ianoukovitch. Y compris ceux qui sont implantés à l'est du pays, qui avaient trop à perdre en soutenant leur ex-mentor. Ils risquent de se retrouver bloqués à l'Est, de faire l'objet de poursuite judiciaire et de perdre leur précieuse liberté de circuler à l'Ouest. Or, ils ont souvent placé leurs économies à l'Ouest. Dans des banques autrichiennes, suisses, ou encore en investissant à Londres.

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