La nouvelle frontière des marchés financiers: les pays en développement

Avec la crise des marchés émergents, les investisseurs sont à la recherche du nouvel eldorado offrant des rendements juteux. Et certains misent maintenant sur les pays encore moins développés pour faire fructifier leurs fonds, ce qu'on appelle dans le jargon de la finance les marchés frontières.

Disséminées aux 4 coins de la planète, les bourses les plus alléchantes en ce début d'année se trouvent dans des pays traditionnellement absents de la rubrique finance. C'est par exemple la Tunisie où l'adoption de la Constitution a dopé les échanges. Ou encore le Liban et la Jordanie stimulés par la reprise des négociations à Genève entre les rebelles syriens et le régime de Bachar el-Assad. Le Pakistan, la Lituanie ou le Vietnam sont aussi des places de choix fréquemment citées par les fonds en action à la recherche de rendement élevé. Tous ces pays appartiennent à la catégorie des marchés frontières définie par le MSCI, l'indice boursier de référence pour les investisseurs. Ce groupe a gagné plus de 1 % depuis le début de l'année tandis que la catégorie des pays émergents perdait 6 % de sa valeur. Si on regarde les performances pour 2013, ils paraissent encore plus attractifs. La capitalisation boursière des pays frontières a cru de 16 %, celle des pays émergents a chuté de 12 %.

Quelles garanties offrent ces pays encore peu développés que les investisseurs ne trouvent plus dans les pays émergents ?

Parce qu'ils sont encore sous développés justement, ces pays sont encore, pour la plupart, faiblement reliés aux grandes places financières comme Londres, Washington, Hong Kong ou Singapour. Du coup, ils seront épargnés par les tempêtes susceptibles de se déclarer sur ces marchés. Et puis contrairement aux grands pays émergents, ils sont peu sensibles au ralentissement de l'économie chinoise, leur moteur, c'est la consommation intérieure, parce qu'ils ont souvent une population jeune en pleine croissance. Enfin beaucoup d'entre eux ont une monnaie indexée sur le dollar. C'est le cas notamment des pays du Golfe également membres du club.

Ces pays sont-ils le nouvel eldorado de la finance ?

Les rendements sont élevés mais ils sont risqués. La bourse du Nigeria par exemple qui a gagné 43 % l'année dernière a déjà perdu 2,5 % depuis le début de l'année. Même renversement de tendance pour Maurice. Et puis il faut bien garder en tête les ordres de grandeur. Les fonds en action investis sur les marchés émergents c'est à peu près 300 milliards de dollars. Pour le moment, le porte-feuille des fonds investis sur les marchés frontières n'est que de 20 milliards de dollars. Les investisseurs qui parient sur ces marchés doivent privilégier le long terme, car étant donné l'étroitesse de ces marchés naissants, vendre peut prendre beaucoup de temps que sur un marché liquide. Les pays émergents loin d'être balayés par la crise sont en train de faire de la place pour de nouveaux venus irrigués par ces investisseurs. C'est une nouvelle étape de la mondialisation financière qui se joue, avec tous les risques de dérapage global qu'elle implique.

 

 

 

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