Le destin de l’Ukraine suspendu à une assistance financière

La crise politique qui secoue l'Ukraine depuis deux mois n'a fait qu'aggraver ses difficultés financières. Pour sortir de l'ornière, Kiev a urgemment besoin d'une aide massive, qu’elle provienne de Russie ou d’Occident.

La bouffée d'air frais, c'est ce que recherche en vain le président Ianoukovitch depuis le début de la crise. En novembre, lorsqu'il tourne le dos à l’accord d'association avec l'Union européenne pour pactiser avec la Russie, c'est d'abord un choix pragmatique. Moscou promet de l'argent sans condition tandis que le FMI refuse de prêter de l'argent à Kiev tant que les réformes promises ne sont pas réalisées. Quant à l'Union européenne, elle n'offre pas d'assistance financière à l'Ukraine, mais une subvention de 600 millions d'euros, une paille pour un pays qui dit avoir besoin de près de 15 milliards d'euros. Deux mois plus tard, les besoins de l'Ukraine sont encore plus urgents. Sa balance commerciale déficitaire et la chute de ses réserves de change alimentent la dégringolade de sa devise, la grivna. Il ne lui reste plus que 20 milliards de dollars de réserves de change, de quoi couvrir deux mois d'importations.

Moscou n'a versé pour le moment que 3 milliards de dollars sur les 15 milliards promis en décembre. Pourquoi ce retard ?

Officiellement, la Russie attend la formation d'un nouveau gouvernement. Moscou constate aussi que malgré la ristourne de 30% accordée sur le prix du gaz, Naftogaz, la société gazière ukrainienne, n'a toujours pas réglé la facture du mois de janvier, sa dette totale à l'égard de Gazprom est supérieure à 3 milliards de dollars. Les relations entre les deux voisins et partenaires se sont donc distendus. C'est pourquoi le plan Ukraine, un plan de développement économique préparé par l'Union européenne sous l'impulsion des Etats-Unis et que Catherine Ashton doit évoquer aujourd'hui à Kiev sera sans doute examiné avec beaucoup d'intérêt par le président Ianoukovitch. Bien sûr, Bruxelles comme le FMI, qui serait le principal bailleur, vont conditionner cette aide à des réformes structurelles qui ont jusqu'à maintenant fait reculer le président.

Les conditions posées par le FMI, c'est d'abord la fin des subventions au gaz

Une décision que Ianoukovitch a repoussé par le passé pour conserver les faveurs de son électorat et qui devient encore plus douloureuse à prendre en plein hiver. Si les discussions avec les partenaires européens durent jusqu'au printemps, la pilule sera moins amère pour les Ukrainiens. Du reste, tous ne sont pas hostiles à ces réformes. Selon un économiste basé à Kiev, la fracture entre l'Est pro-russe et l'Ouest pro-occidental occulte une autre ligne de fracture entre d'une part les salariés du secteur privé pressés de voir le pays se réformer en regardant vers l'Union européenne et d'autre part les fonctionnaires, les retraités inquiets pour le sort de leurs revenus très dépendants de la générosité de l'Etat. L'autre grande réforme exigée par le FMI, c'est une plus grande flexibilité de change. La dévaluation serait bienvenue pour les exportations ukrainiennes mais elle pèse lourd dans le porte-monnaie des ménages. L'Ukraine est-elle prête à se plier aux exigences du FMI ? Cela dépendra de la générosité du plan européen, mais aussi de l'attitude de Vladimir Poutine qui, pour l'instant, retient l'argent promis.
 

  

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