Disons qu'après avoir appuyé sur la touche pause en 2012, le marché français de la musique, en perte de vitesse depuis une dizaine d'années, a enfin retrouvé un peu de croissance en 2013. Tous supports confondus, son chiffre d'affaires progresse de 2,3%. A la surprise générale, cette bonne note ne doit pas grand-chose au numérique mais beaucoup au CD. En déclin depuis 2002, les ventes sur les supports physiques, CD et DVD, qui fournissent toujours l'essentiel des revenus du secteur, se sont enfin redressées en 2013. La hausse sur ce segment a même été plus rapide que celle du numérique. Même le bon vieux vinyle est en train de repartir, en chiffres d'affaires ce marché reste toutefois anecdotique.
Est-ce la revanche du CD ?
C'est surtout la revanche de la création française que les mélomanes apprécient sur le format long, l'album, plutôt que le single. Dix-sept des meilleures ventes sont des albums d'artistes francophones. L'embellie de 2013 doit beaucoup à Stromae. L'artiste belge produit en France n'a pas volé son nom, c'est le verlan de Maestro. Son album Racine carrée s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires en l'espace de quelques mois. Un succès foudroyant et assez oecuménique. Avec sa touche techno, une voix à la Jacques Brel, des textes qui font mouche, il fédère de multiples tribus de mélomanes. Stromae, le phénomène de l'année cherche maintenant à séduire le marché anglo-saxon, mais il n'est pas un cas isolé.
Les chanteurs français sont des valeurs sûres à l'international
Devinez quelle est la chanteuse française qui a vendu le plus d'album à l'export ? C'est ZAZ. Cette chanteuse à la voix accrocheuse est aussi l'une des nouvelles étoiles de l'industrie musicale. Sans oublier les poids lourds, le DJ David Guetta, c'est plus de 3 millions de singles vendus à l'export et bien sûr le duo casqué, les Daft Punk, couronnés par les Grammy Awards. Il y a donc une effervescence musicale française portée par des courants très différents, de la chanteuse à texte en passant par la « French touch » et le rap, bien sûr avec les guimauves de Maître Gims et de Sexion d'Assaut.
Malgré ces belles performances, l'industrie française se cherche encore un modèle
Le numérique a balayé le CD, qui était un peu la vache à lait de l'industrie, en France comme dans le reste du monde, mais il n'a pas encore imposé un nouveau modèle de développement. Depuis l'année dernière, le téléchargement payant est en perte de vitesse, tandis que le streaming qui ne rapporte pas grand-chose aux producteurs comme aux créateurs est de plus en plus répandu. Ce n’est pas un problème pour les artistes déjà connus, mais pour les talents en train d'émerger, il faut trouver un meilleur partage des revenus, parce que pour le moment ce mode d'écoute remplit surtout les poches de ceux qui contrôlent les tuyaux.