Cette comparaison flatteuse, on l'a doit à l'économiste de la banque espagnole d'investissement Arcano. Son étude publiée au mois d'octobre a été confortée par la fin de la récession annoncée au même moment. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut a cru de 0,1% après plus de deux ans de repli.
Une reprise confirmée au quatrième trimestre qui marque un tournant dans la crise que traverse le pays depuis plus de deux ans. Et cela en grande partie grâce au rebond des exportations. En comprimant sévèrement les salaires, comme l'a fait l'Allemagne en 2004, l'Espagne a regagné en compétitivité et a réussi à regagner des parts de marché à l'export. Mais la comparaison s'arrête là car les deux pays ne jouent pas dans la même division.
L'Espagne est redevenue compétitive dans les industries à faible valeur ajoutée
C'est pourquoi l'Espagne ressemble plus à la Slovaquie d'aujourd'hui qu'à l'Allemagne d'il y a dix ans. Berlin a axé son développement sur des produits de très grande qualité, peu sensibles à la variable prix tandis que Madrid a du baisser les salaires pour se redresser. Résultat, comme la Pologne ou la Roumanie, l'Espagne envoie aujourd'hui des travailleurs détachés en France par exemple.
Cette course au bas salaire pourrait être dévastatrice pour la zone euro. Quand on diminue les salaires, les ménages arrêtent de consommer et la machine à fabriquer de la croissance se grippe. Dans une Espagne qui a fait des coupes sombres dans ses dépenses publiques pour sortir de la crise, où le chômage concerne une personne sur quatre, la baisse des salaires a été un ingrédient de plus qui a contribué à étouffer cette indispensable demande interne.
Les ménages espagnols semblent pourtant avoir retrouvé confiance
En témoigne le rebond du marché automobile, plus 34 % en octobre : c'est une amélioration sensible, mais à mettre en perspective avec le marché d'avant la crise. 700 000 véhicules seront vendus cette année en Espagne contre 1 700 000 en 2007. Outre la paupérisation, l'endettement excessif des ménages explique la faiblesse de la demande. L'Espagne a sombré dans la crise à cause de la bulle immobilière et de la légèreté de ses banques mais le ménage n'est pas fini dans ce secteur.
Les établissements moribonds qui détiennent encore des créances douteuses y regardent à deux fois avant de prêter aux ménages.
C'est pourquoi l'Espagne d'aujourd'hui aurait bien besoin d'un coup de pouce européen pour soutenir sa reprise. Cela fait partie des sujets évoqués par le Premier ministre Mariano Rajoy et le président François Hollande.