L'arme alimentaire toujours aux mains du pouvoir en Syrie

En Syrie, la situation alimentaire s'est nettement dégradée ces douze derniers mois, à tel point qu'aujourd'hui, une personne sur cinq n'a pas de quoi se nourrir, ni, de fait, la force de se rebeller.

« A genoux ou affamé »,  l'avertissement est lancé par le régime syrien, sur les murs de Damas.  Après bientôt trois ans de conflit, le pouvoir utilise la faim comme arme.

La guerre a mis à plat la production de blé, le pays aurait besoin d'importer deux millions de tonnes pour nourrir sa population. Le prix de la farine a doublé en deux ans, le pain manque cruellement. Et l'hiver approche.

Il y a un mois encore, les comptes bancaires syriens étaient gelés sous le coup de sanctions internationales. Le régime ne pouvait pas acheter, mais il pouvait recevoir de la nourriture, ces échanges là échappaient aux sanctions. Le pouvoir, privé des revenus du pétrole, s'est donc concentré sur le commerce des denrées alimentaires. Commerce opéré secrètement par le truchement d'intermédiaires.

Des sociétés et des compagnies maritimes écrans, avec la complicité de certains Etats, le soutien politique d'autres. Le blé a continué à être importé. Des vraquiers en provenance de Russie, d'Ukraine, de Turquie ont débarqué leurs cargaisons dans les ports syriens de Lattaquié et Tartous.

Des contrats ont été passés en toute discrétion pour le compte de l'Etat syrien pour reconstituer les stocks, depuis le Liban très vraisemblablement. Et s'il n'y a pas de traces de contrats commercial entre Damas et Téhéran, des sources professionnelles évoquent  un barter, un troc entre les deux pays avec, à la clef pour la Syrie, du blé, livré transformé en farine.

Un commerce potentiellement très rentable, pour toutes les parties impliquées : les courtiers, les lignes maritimes et le régime de Damas. Le mois dernier, les comptes bancaires gelés ont été débloqués, et les contrats que la Syrie ne parvenait pas à passer se sont finalement concrétisés, et le blé a été livré. 500 000 tonnes en provenance d'Ukraine. Du blé français aussi. Cet assouplissement pourrait être un soulagement pour la population syrienne si la question de la distribution ne se posait pas. C’est le régime qui s'en charge.

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