Une deuxième dégradation en deux ans, cela a tout d'une condamnation confirmée en appel pour la « marque France », même si les conséquences économiques peuvent être assez limitées. On y reviendra plus tard.
Voyons d'abord le diagnostic de l'agence. D'après les calculs de ses analystes, le fardeau de la dette française va continuer à s'alourdir, et le chômage, lui, restera supérieur à 10 % jusqu'en 2016. D'où leur conclusion : le gouvernement n'a plus de marge de manoeuvre pour désensabler l'économie française. C'est un double désavoeu pour l'équipe au pouvoir. La France ne rentrera pas dans les clous de l'orthodoxie budgétaire, malgré la rigueur durement ressentie par les Français. Et François Hollande échouera à inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année, comme il n'a cessé de le promettre aux Français. La France a bien entrepris des réformes, constate l'agence, mais pas assez, et le chômage trop fort et la croissance trop faible rendent la poursuite de ces réformes extrêmement improbable.
Standard and Poor's doute du gouvernement français
L'agence s'inquiète même du ras-le-bol des Français, fatigués des hausses d'impôts. Sans parler de la rue, qui gronde avec les plans sociaux en rafale et de la Bretagne, à feu et à sang, à cause de l'ecotaxe. Après la descente aux enfers dans les sondages, le président français endure maintenant la sentence des experts. Des experts qui, il est vrai, ne sont pas exempt de reproches. On eût aimé qu'ils soient plus visionnaires avec la crise des subprimes.
Pour la France de 2013, ce qui compte maintenant c'est de voir si le jugement de Standard and Poor's sera confirmé par les deux autres agences qui font la pluie et le beau temps dans la notation des dettes souveraines. Et surtout, ce qui compte, c'est de voir si le gouvernement parviendra à restaurer la confiance pour faire redémarrer une économie encore groggy. Vu le climat social et le baromètre des affaires, c'est loin d'être gagné.
Conséquences de cette dégradation
Le principal danger, c'est l'envol du coût de la dette française. On l'a vu ce matin, le taux d'emprunt à dix ans a grimpé de quelques dixièmes, tout de suite après l'annonce de Standard and Poor's. Ce risque est cependant limité. Malgré la perte de son triple A en janvier 2012, la dette française est restée attractive, enregistrant parfois des taux négatifs. Mais il faut rester prudent, les marchés étant par nature à la fois imprévisibles et très moutonniers.