Matignon a préféré calmer le jeu. Face au tollé provoqué par l'augmentation rétroactive des taux de prélèvements sociaux sur certains produits d'épargne, prévue dans le budget de sécurité sociale, les services du Premier ministre ont fait savoir samedi, dans un premier temps, qu'il était possible de procéder à des améliorations concernant la taxation des plans d'épargne logement (PEL).
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (JDD), le ministre du Budget Bernard Cazeneuve annonce finalement ce 27 octobre que le gouvernement va extraire les plans d’épargne en actions (PEA), les plans d’épargne logement et l’épargne salariale de son projet d'aligner par le haut les prélèvements sociaux sur les produits d'épargne. Il s’agit ainsi « d’épargner les patrimoines moyens et modestes », précise le ministre.
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Un revirement alors que la question de la fiscalité est particulièrement sensible, voire explosive. Il faut dire qu'au-delà des attaques de l'opposition qui avait dénoncé une mesure « scélérate », certaines personnalités de la majorité ont aussi fait part de leur désapprobation. Le député de Paris Jean-Marie Le Guen a critiqué cette taxation sur une « épargne populaire ». Le chef de file des députés radicaux de gauche, Roger Gérard Schwartzenberg, l'a jugée « inopportune ». Et surtout, Gérard Bapt, le rapporteur socialiste du budget de la sécurité sociale, a demandé au gouvernement de revenir sur cette mesure.
Une demande qui semble avoir été entendue. Il faut dire quand dans un contexte de fronde fiscale où les agriculteurs bretons protestent contre l'écotaxe, les footballeurs contre la taxe à 75 %, le gouvernement n'a certainement pas envie de voir un nouveau foyer de protestations s'allumer.
Depuis la fronde des pigeons, ces créateurs de start-up qui ne voulaient pas d'une nouvelle taxation et avaient obtenu gain de cause, d'autres reculs ont eu lieu notamment sur la suppression de la niche fiscale bénéficiant aux parents d'enfants scolarisés.
Cette situation n'a pas échappé à l'opposition, qui tout en se réjouissant de voir de mauvaises mesures abandonnées, insiste sur l'incapacité du gouvernement à maintenir un cap clair en matière de fiscalité.
Encore un épisode qui risque d'aggraver la crise de confiance des Français vis-à-vis de l'exécutif et de renforcer les autres mouvements de contestation sur des mesures fiscales, celui des agriculteurs bretons notamment.