La Mongolie est le pays des steppes, c'est aussi celui de l'uranium. Voilà plus de dix ans que le géant français du nucléaire Areva s'intéresse à la Mongolie. Son patron, Luc Oursel, y accompagne le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, en espérant faire avancer ses projets de façon décisive. Areva compte 27 licences d'exploration en Mongolie mais vise surtout l'un des deux gisements les plus prometteurs, dans la province de Gobi, où le minerai d'uranium pourrait être dissout et récupéré par pompage. Cela en ferait un site aux coûts de production imbattables. Les quantités récupérables dans ce gisement sont en outre comparables à celles qu'Areva a déjà extraites au Niger au cours des 40 dernières années... Obtenir l'exploitation du site mongole serait donc pour Areva l'occasion de moins dépendre du Niger, qui représente encore un tiers de l'uranium qu'il produit, malgré les efforts du groupe français pour diversifier son approvisionnement. Une diversification réussie au Kazakhstan, mais désastreuse en Afrique australe, à travers une mauvaise affaire : le rachat du Canadien Uramin dont les gisements n'avaient pas la teneur espérée.
Afficher ses projets en Mongolie, le nouvel eldorado de l'uranium, c'est d'autant plus important en ce moment pour Areva que le groupe est en pleine renégociation de ses contrats miniers avec le Niger. Le gouvernement de Niamey réclame plus de revenus des mines, alors que les cours mondiaux de l'uranium sont à un niveau plancher depuis la catastrophe de Fukushima (37 dollars la livre d'oxyde d'uranium, soit la moitié de leur valeur d'avant la catastrophe, le quart de leur valeur de 2008). La veille de son envol pour Oulan Bator, la capitale mongole, le patron d'Areva a demandé à l'Etat du Niger d'enlever son quota d'uranium de la mine de Somaïr, lui proposant de le commercialiser au prix de marché. A défaut, Areva cessera dès la semaine prochaine de produire de l’uranium dans cette mine, la principale mine du Niger, et ce jusqu'à la fin de l'année. La fin de l'année, c'est aussi la date buttoir pour renégocier les contrats miniers d'Areva.