L'Inde est une des seuls grandes économies de la planète à n'avoir pas révisé à la baisse ses projets de centrales nucléaires depuis la catastrophe de Fukushima. Le gouvernement de New Delhi, confronté à des pannes gigantesques d'électricité il y a encore quelques jours, lors des festivités hindouistes, a maintenu son objectif de 25% d'électricité d'origine nucléaire dans 13 ans.
C'est pourquoi l'Australie, troisième producteur d'uranium au monde, avec les plus grandes réserves connues de la planète, ne peut plus se permettre de bouder ce gros client. Canberra s'était jusqu'à présent interdit de vendre de quoi fabriquer du combustible nucléaire à l'Inde, parce qu'elle n'était pas signataire du Traité de non prolifération nucléaire. L'Inde a depuis mis au point la bombe atomique, elle ne veut pas y renoncer, mais elle est finalement redevenue fréquentable depuis que les États-Unis ont accepté de l'aider à développer son programme nucléaire civil, à condition qu'elle n'enrichisse que 20% de l'uranium sur le sol indien.
Le Canada a accepté de vendre son uranium à l'Inde, l'Australie ne veut plus être en reste, d'autant que l'Inde a importé cette année l'équivalent d'un sixième de sa production annuelle, et que les revenus de l'uranium ont chuté d'un tiers en valeur depuis le désastre japonais. L'Inde est en outre dans les « starting block » pour investir dans les mines d'uranium, en Afrique du Sud, au Kazakhstan et en Australie. Le gouvernement travailliste à Canberra a donc décidé de mettre fin à quarante ans d'embargo, le ministre australien de la Défense vient même de se rendre en Inde, où il s'est extasié sur la vocation indienne de futur champion énergétique. Reste à dessiner les contours d'un accord bilatéral sur l'usage du nucléaire sur le modèle de l'accord américano-indien.