Deux ans après Fukushima, les prix de l'uranium ont touché le fond

Il y a deux ans, la catastrophe de Fukushima avait remis en cause l'essor du nucléaire, elle avait entraîné la chute des cours de l'uranium. Ce plongeon semble avoir pris fin.

Jusqu'à l'automne dernier, les perspectives semblaient bien sombres pour l'industrie nucléaire et donc la consommation de son combustible, l’uranium. La catastrophe japonaise avait poussé des Etats comme l'Allemagne et la Belgique à renoncer au nucléaire.

Le Japon, qui absorbait jusque là 11 % de l'uranium consommé sur la planète, avait immédiatement mis à l'arrêt 52 de ses 54 réacteurs. Les opérateurs nippons revendaient leur stock d'uranium. Un afflux de combustible sur le marché international et une perte de confiance dans l'avenir du nucléaire, qui ont provoqué une chute des cours de l'uranium de 45 % jusqu'en novembre dernier (de 73 dollars la livre à 40 dollars).

Les grands groupes miniers ont remis à plus tard les projets les plus ambitieux d'extraction d'uranium : Areva a reporté de trois ans l'entrée en production d'Imouraren au Niger ; BHP Billiton a repoussé sine die son projet géant d'Olympic Dam en Australie.

Mais depuis quatre mois, le prix de l'uranium s'est non seulement stabilisé, il a repris 7 %. Les craintes sur l'approvisionnement de combustible en provenance du Niger, dans une région sahélienne très troublée, ont dû causer en partie cette hausse. Surtout, en décembre dernier, la donne a changé au Japon avec le retour au pouvoir du Parti liberal démocrate, favorable au redémarrage des réacteurs nucléaires. La nouvelle majorité à Tokyo s'est donnée trois ans pour décider, mais le signal a été pris en compte par l'industrie.

On observe en ce moment des rachats de petites compagnies d'extraction d'uranium par de plus grandes, qui pensent profiter d'une opportunité. Car si la demande de combustible reprenait au Japon, le surplus d'uranium sur le marché serait de courte durée. Même si l'extraction d'uranium augmente d'année en année, en particulier au Kazakhstan, la production minière (58 000 tonnes estimées en 2012) est inférieure à la consommation des réacteurs (68 000 tonnes). Ce sont les stocks qui comblent la différence, en particulier les anciennes ogives nucléaires soviétiques (9 000 tonnes par an) ; mais on va cesser cette année d'y puiser.

Or 62 nouveaux réacteurs sont déjà en construction rien qu'en Chine. Et l'Inde entre ce mois-ci en discussions avec l'Australie pour s'approvisionner en uranium auprès de ce pays.

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