Les autorités nigériennes ont fait savoir lors du dernier Conseil des ministres qu'elles jugent leur partenariat très déséquilibré avec Areva. Ce durcissement de ton intervient alors que le président Issoufou s'est entretenu dans la semaine avec Luc Oursel, le président du groupe français qui exploite l'essentiel de l'uranium extrait au Niger.
Pour le ministre des mines Omar Tchiana, l'exploitation des ressources minières ne profite pas assez au développement nigérien.
Le cas d'Imouraren en filigrane
Ce ne sont pas les premiers reproches que Niamey fait à Areva, présent au Niger depuis 41 ans. Mais ceux-ci interviennent alors que les travaux de mise en production de la mine d'Imouraren prennent du retard.
Le site était pourtant la promesse de revenus gigantesques pour le Niger. Avec 5 000 tonnes d'uranium par an, à pleine capacité, elle serait la « deuxième mine du monde », selon Areva. Mais aujourd'hui, ce projet n'est plus rentable pour le groupe français. Pour le développer, il faudrait qu'Areva dépense 1,2 milliard d'euros d'investissement, et il ne les a pas.
Ce qui était largement imaginable en 2007, lorsque les projets de centrales nucléaires se multipliaient partout dans le monde, et que l'oxyde d'uranium pouvait se vendre 120 dollars la livre sur le marché spot, ne l'est plus. Depuis l'irruption de la crise, et surtout depuis la catastrophe de Fuskushima l'an dernier, le carnet de commandes mondial de centrales a fondu, et l'uranium ne se vend pas plus de 50 dollars la livre au comptant. Areva traîne donc des pieds pour concrétiser la mise en exploitation d'Imouraren. Or ses autres mines d'uranium au Niger, dans la région d'Arlit, sont de moins en moins productives avec le temps.
Le Niger manifeste donc son impatience, d'autant qu'un nouvel actionnaire, l'électricien nucléaire chinois du Guangdong, CGNPC, ne devrait pas tarder à entrer enfin au capital de la filiale d'Areva, à Imouraren. Un peu d'argent frais, mais qui risque d'être largement insuffisant.