Les agrumes, fruit de discorde entre l'Afrique du Sud et l'Europe

L'Union européenne menace d'interdire l'importation des oranges et des pomélos sud-africains, atteints par un champignon. Un moyen de faire pression sur l'Afrique du Sud, en pleine renégociation de ses relations commerciales avec l'Europe.

C'est une épée de Damoclès suspendue au dessus de l'agriculture sud-africaine, qui exporte près de la moitié de ses agrumes en Europe. Bruxelles pourrait interdire leur entrée dans l'Union européenne, au motif qu'on y a repéré la maladie des tâches noires, le « black spot », dans plus de cinq cargaisons.

Ce champignon n'a aucune incidence sur la santé humaine, il modifie juste l'aspect des fruits, mais l'Union européenne dit craindre la contagion à ses propres vergers, en Espagne.

Une précaution disproportionnée, estime Eric Imbert du Cirad, quand on voit que les agrumes argentins atteints par cette même maladie passent aisément les frontières européennes, et même celles des Etats-Unis pourtant très précautionneux depuis qu'une maladie autrement plus nuisible, le « greening », a dévasté les vergers de Floride.
La menace européenne vis-à-vis de l'Afrique du Sud ressemble à s'y méprendre à du chantage. Car les négociations du traité de commerce entre l'Afrique du Sud et l'Union européenne, son principal partenaire, piétinent depuis deux ans.

L'Afrique du Sud se sent flouée par une balance déséquilibrée en faveur de l'Europe - qui importe moins de produits sud-africains depuis la crise. De son côté, l'Union européenne réclame une ouverture plus grande du marché sud-africain à ses produits, notamment agricoles. Or l'Afrique du Sud continue de protéger son industrie agroalimentaire, en particulier son industrie laitière.

Alors l'Union européenne cherche à accélérer le calendrier : Bruxelles donne jusqu'en octobre de l'année prochaine à Pretoria pour faire des concessions, ensuite l'ancien accord valable pour tous les pays d'Afrique australe, tombera, prévient-elle : le Botswana, la Namibie... risquent de se retrouver sans protection de leur marché.

Un nouveau cycle de négociation doit commencer cet automne. Alors Bruxelles, avec le soutien des syndicats agricoles européens, pour une fois, met un peu la pression sur les oranges sud-africaines, même si la saison est presque terminée.
 

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