Les centrales à gaz qui fabriquent de l'électricité sont les victimes d'un des nombreux paradoxes de l'Europe. En subventionnant les énergies renouvelables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, le vieux continent est en train d'obtenir l'effet inverse : les émissions de CO2 sont reparties à la hausse, alors que l'Europe a vu son activité industrielle baisser ! Car le prix de l'électricité de gros a plongé, avec l'afflux du courant éolien ou solaire, qui ont priorité sur le réseau. Du coup les centrales combinées à gaz, qui ont demandé beaucoup d'investissements, ne sont plus rentables. Elles s'arrêtent de fonctionner, ce serait à perte. Comme il faut de l'électricité quand le soleil ne brille pas et quand le vent ne souffle pas, ce sont les bonnes vieilles centrales à charbon qui tournent au maximum : elles ne paient pratiquement plus leur droit à polluer, le coût du quota de CO2 est devenu dérisoire, et elles ne se sont jamais approvisionnées en charbon si peu cher auprès des États-Unis, qui préfèrent utiliser leur gaz de schiste. Résultat, les États-Unis sont en train de donner l'exemple à l'Europe sur le climat, alors qu'ils ne sont pas signataires du protocole de Kyoto ! Et cela, sans aucun bénéfice pour le consommateur européen, qui ne voit pas sa facture d'électricité baisser pour autant.
Les grands opérateurs gaziers en Europe se sont bien sûr emparés de ces arguments pour demander de freiner le développement des énergies renouvelables.
Les groupes gaziers français GDF Suez et l'italien Eni ont été rejoints par leurs concurrents allemands, espagnols, hollandais et suédois. Ils souhaiteraient que l'on rémunère leurs centrales à gaz, même quand elles ne fonctionnent pas, puisqu'on a besoin d'elles lors des pics de consommation électrique. Sinon, préviennent-ils, on va vers la destruction de toute une industrie, pour l'heure encore indispensable à la sécurité énergétique de l'Europe.