Le sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, une rencontre consacrée à l'économie...

Le conflit syrien bien sûr occulte l'agenda officiel consacré à l'économie. Il y a pourtant une crise en ce moment dans les pays émergents : la crise monétaire. Le G20 est la bonne plateforme pour harmoniser les positions.

Le G20 est même né au moment de la dernière grande crise de changes qu'ont connu ces pays. C'était à la fin des années 1990, une réunion des ministres des Finances est alors mise en place au niveau des 20 pays les plus concernés. A savoir les pays émergents affectés et les pays riches, les mieux parés pour leur donner un coup de pouce. Le G20 est donc historiquement l'enceinte idéale pour trouver une issue à la nouvelle débâcle subie par les devises des pays émergents.

Sauf qu'entre temps le monde a connu une crise encore plus grave, c'est 2008. Et qu'aujourd'hui on commence à sortir du marasme, c'est pourquoi les pays occidentaux qui ont déjà beaucoup dépensé pour soutenir une économie malade, sont entièrement tournés sur eux-êmes, concentrés sur la reprise déjà sensible aux Etats-Unis et en Europe.

En marge du sommet officiel, les Brics se retrouvent pour discuter de cette crise monétaire

Et ils ont bien besoin de se concerter car ils sont très partagés sur le sujet. Le poids lourd du groupe, la Chine, est à l'abri des remous sur le marché des changes puisque sa devise est entièrement sous contrôle. C'est la banque centrale qui décide seule du taux de change. La Chine qui dispose du plus gros pactole en dollars ne semble pas pressée d'aider ses partenaires en intervenant sur le marché des changes.

L'Inde aimerait qu'une intervention collective soit menée, mais elle est isolée sur ce sujet, son appel lancé la semaine dernière est resté sans réponses. Pour agir, les Brics ont besoin d'un outil, d'une réserve de changes commune, et ils se sont mis d'accord aujourd'hui pour l'abonder à hauteur de 100 milliards de dollars. La Chine versera 40% de la somme totale, le Brésil, l'Inde et la Russie un peu moins de 20% chacun et l'Afrique du Sud 5%.

Ils auront donc à leur disposition, en quelque sorte, un trésor de guerre pour agir quand une monnaie est attaquée

100 milliards c'est un bon début, mais c'est insuffisant. La banque centrale indienne dispose elle de 270 milliards de dollars et cela n'empêche pas la roupie de plonger. Il faudrait des réserves 5 fois plus importantes pour que cet instrument soit crédible sur le marché des changes.

Par ailleurs, à défaut d'obtenir un soutien actif des Etats-Unis, les Brics aimeraient au moins que Washington reconnaisse les dégâts engendrés par sa politique monétaire. C'est ce qui ressort de leur déclaration commune. Car les devises émergentes chutent depuis que le patron de la FED a annoncé la fin en vue de l'assouplissement monétaire.

Les pays émergents, qui ont tiré la croissance mondiale depuis 2008, aimeraient bien un retour des Occidentaux maintenant sortis de l'eau. Dans le contexte assez tendu de ce G20, les mots comptent au moins autant que les actes.

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