Comment enrayer la chute de la roupie indienne?

La roupie indienne a perdu le quart de sa valeur depuis le début de l'année. C'est l'une des devises des pays émergents les plus affectées par le désamour des investisseurs. La Banque centrale indienne n'a toujours pas trouvé la parade pour stopper le carnage.

 

Qu'est-ce qui se passe quand une devise chute ? Cela rend les importations beaucoup plus chères. Or avec sa croissance d'éléphant, l'Inde s'est mise à dépenser avec insouciance, augmentant massivement ses importations quand ses revenus étaient en hausse, faisant appel sans crainte du lendemain à des capitaux étrangers pour financer son train de vie. Ce déséquilibre de la balance courante est l'un de ses talons d'Achille. Elle est en train de régler l'addition. Les Indiens de la classe moyenne peuvent arrêter d'acheter les derniers produits à la mode, mais c'est plus difficile de se passer du pétrole et de l'or dont le pays est dépourvu. Cette envolée des importations sur fond de ralentissement de l'économie, et donc des exportations, rend la crise monétaire indienne pénible et délicate à résoudre.

Quels sont les outils à la disposition de la Banque centrale pour endiguer la chute ?

Le plus radical est de faire remonter les taux. Cela rend la monnaie plus attractive, et cela décourage l'inflation, de l'ordre de 10 % en Inde. Avec un effet collatéral négatif, l'asphyxie de l'économie. Ce n'est pas toujours une mauvaise chose, puisque les importations s'en trouvent ralenties. Sauf qu'en ce moment, les cours des matières premières dont l'Inde a tant besoin s'emballent à cause des tensions en Syrie. Au final, cette politique n'aura donc qu'un faible impact sur la balance commerciale. La Banque centrale a essayé en juillet, sans succès. L'utilisation des réserves de change pour défendre la monnaie est l'autre arme, l'arme ultime, aux mains de la banque centrale. Le Brésil, lui aussi confronté à une chute vertigineuse de sa monnaie, a retenu cette option.

L'Inde a-t-elle les moyens du Brésil ?

Avec 270 milliards de dollars en réserve, soit l'équivalent de sept mois d'importations, elle peut se lancer dans la bataille. Mais une baisse trop brutale des réserves va rendre les investisseurs encore plus nerveux et plus fuyants, cette arme est donc à manier avec précaution. Hier, la Banque centrale a annoncé l'ouverture d'une ligne pour fournir les compagnies pétrolières locales en dollars. La roupie s'est reprise ce matin. Mais c'est un signal beaucoup plus fort qu'attend le marché. Pourquoi pas le soutien en dollar d'une autre Banque centrale ?
Une hypothèse peu crédible, on voit mal la Fed américaine, qui essaie de fermer le robinet de l'assouplissement monétaire, ouvrir une vanne ailleurs. L'équation est à plusieurs inconnues.

Des réformes de fond peuvent-elles changer la donne ?

Difficile à envisager à quelques mois des élections générales. Pour lutter contre les maux qui brouillent et paralysent l'activité, la corruption, la bureaucratie et les subventions aux produits de base, il faut des réformes de longue haleine, pas vraiment adaptées à l'urgence de la situation. Le nouveau patron de la Banque centrale indienne, Raghuram Rajan qui prend ses fonctions la semaine prochaine, est très attendu. Cet ancien chef économiste du FMI avait prédit la crise de 2008, il va dorénavant essayer d'en résoudre une autre en temps réel.

 

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