La récente décision de la justice américaine risque de parasiter, dégrader l'économie de l'Argentine déjà mal en point. Car ces fonds, de vieux ennemis de l'Argentine, ont le droit dorénavant de ponctionner leur dû sur tous les échanges argentins. Ils ont toujours été très offensifs. Mais sans succès. Exemples : en France ils ont demandé la saisie des bénéfices des filiales françaises présentes en Argentine, ou bien il y a quelques mois ils ont réussi à faire saisir un bateau argentin qui mouillait dans un port du Ghana.
Cette attitude est légitime de leur point de vue, car le rachat de dette bradée est leur gagne pain, ce sont des fonds vautours. C'est pour quoi, ils n'ont jamais accepté les deux plans de restructurations proposés par Buenos Aires. Mais du point de vue de l'Etat argentin, obtenir une invalidation de ce jugement est une question de fierté nationale et un enjeu vital.
L'Etat argentin s'en remet maintenant à la Cour suprême des Etats-Unis
C'est sa planche de salut. Assez curieusement c'est le FMI qui a suggéré de porter l'affaire devant la Cour suprême. L'institution que l'Argentine a snobé en 2001 en décidant unilatéralement d'effacer une ardoise de 100 milliards de dollars. Le fonds qui aujourd'hui encore s'agace des sous-évaluations grossières de l'inflation faite par l'équipe Kirchner, et bien ce FMI là a pourtant tout intérêt à ce que la Cour suprême prenne fait et cause pour l'Argentine. Sans quoi, tout l'édifice des restructurations de dette publique conclues avec la bénédiction des institutions de Washington serait fragilisé.
La Grèce pourrait avoir du souci à se faire. Paris, adhère à cette thèse et soutient Buenos Aires. Sachant qu'elle joue très gros, Cristina Kirchner a adouci ses propos à l'égard des fonds mardi et proposé une ultime négociation aux créanciers récalcitrants, en clair un nouveau plan de restructuration.
Un troisième plan de restructuration en vue ?
Dans son discours télévisé, la présidente argentine n'a pas dévoilé les détails de ce plan, on sait juste qu'il ne peut être plus avantageux que les précédents sous peine de léser les créanciers accommodants. Elle a terminé son discours en demandant à Dieu d'éclairer les juges américains. Une boutade à méditer en relisant un texte de l'Ancien testament. Un texte du Lévitique prévoit en effet l'annulation de toutes les dettes une fois tous les cinquante ans, c'est ce qu'on appelle le jubilé. La restructuration de la dette n'est pas une idée bien neuve, elle a démontré son bien fondé il y a quelques milliers d'années.