Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Les Argentins ne croient plus à l’indice de hausse des prix officiel depuis 2007. C’est à cette date que le gouvernement a pris le contrôle de l’Indec, l’Institut national des statistiques, jusqu'alors indépendant.
Depuis lors, l’inflation mesurée par l’Indec est inférieure de plus de moitié à la hausse constatée par les instituts provinciaux (qui ont gardé leur autonomie), par les institutions privées et par les consommateurs. En 2012, on note un chiffre de 10% pour le gouvernement, et de 25% pour tous les autres !
Avertissement du FMI
Cette distorsion avait attiré l’attention du FMI. En 2010, sous la pression, l’Argentine avait promis de mettre au point un nouvel indice, qui prenne vraiment en compte la réalité des prix au niveau national. Ne voyant rien venir, le fonds monétaire lui a adressé un avertissement, auquel le gouvernement a répondu en trois temps.
D’abord, l’indignation. Le FMI, dont les recettes néo-libérales ont conduit à la crise de 2001, « n’a pas de leçons à nous donner », s’est écriée la présidente Cristina Kirchner. Ensuite, l’accusé de réception. Le nouvel indice sera prêt « avant la fin de l’année », a dit le ministre de l’Economie, Hernán Lorenzino. Enfin, l’action. Lundi 3 février, le secrétaire d’état au Commerce Guillermo Moreno a annoncé un accord avec les distributeurs gelant les prix pendant deux mois. Avec l’idée, sans doute, que l’inflation officielle se rapproche de la réalité.