Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Nestor Kirchner doit se retourner dans sa tombe. Moins de deux mois après sa mort, le FMI est de retour à Buenos Aires. Certes, il ne s’agit pas d’une mission chargée de la révision des comptes du pays, mais nul ne s’y trompe : c’en est fini de l’ostracisme imposé par Kirchner, pour qui le Fonds monétaire international était coresponsable de la crise de 2001-2002.
Par-delà le discours à usage interne, il y avait une autre raison à ce rejet : le tripatouillage de l’indice des prix auquel se livre le gouvernement afin de camoufler l’inflation, ce qu’une mission du FMI n’aurait pas manqué de dénoncer. Se trouvait ainsi bloqué le règlement de la dette de l’Argentine à l’égard du Club de Paris, ce dernier exigeant un audit du FMI en cas paiement échelonné.
Tout en proclamant sa fidélité au « legs » de Nestor Kirchner, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner, qui a succédé à son époux en 2008, semble vouloir faire bouger les choses. Le 15 novembre, elle annonçait que le Club de Paris avait accepté de négocier sans l’aval du FMI. Mais cette concession avait sa contrepartie : la mission qui commence son travail ce jeudi, qui permettra de refléter plus fidèlement la hausse des prix à l’avenir, et dont la venue marque le début d’une normalisation des relations avec le Fonds monétaire.