La France, nouvel homme malade de l'Europe ?

C'est dans un climat plus que morose sur le plan économique que le président François Hollande célèbre le premier anniversaire de son mandat. L'état général de la France est-il si dégradé ?

 

La France parait effectivement incapable de sortir de la crise. Le chômage croit inexorablement et la récession qui s'annonce pour cette année ne fait qu'éloigner le bout du tunnel. Pourtant la situation n'est pas si désespérée si l'on en croit le Financial Times, qui a publié il y a peu un éditorial plutôt bienveillant à l'égard de la France ce qui n'est pas dans les habitudes du quotidien britannique.

En témoigne la situation des comptes publics. La France est un des pays de la zone euro qui emprunte aux taux les plus bas. En poids relatif au produit intérieur brut, son déficit pour 2013, 3,7 % du PIB, est deux fois plus léger que celui du Royaume-Uni. Le niveau de la dette française reste d'ailleurs soutenable. Et puis la France a des circonstances atténuantes. Comment envisager une relance quand les pays voisins sont englués dans la crise ? Même l'Allemagne est sensible à la dépression de la zone euro.

L'Allemagne justement continue d'être le moteur de la zone euro tandis que la France semble avoir décroché

Cela fait plusieurs années que l'on parle du découplage franco-allemand. Après la crise financière, l'Allemagne s'est remise en selle dès 2010 tandis que la France n'a toujours pas repris son souffle. L'un continue à s'enrichir, l'autre non, l'un est excédentaire, l'autre déficitaire, et puis les entreprises allemandes ont des marges confortables qui leur permettent d'investir tandis que les marges des sociétés françaises n'ont jamais été aussi basses depuis 1986.

En terme de trajectoire les deux pays sont donc à front renversé. C'est pourquoi la France apparait aujourd'hui comme l'homme malade de la zone euro et cela malgré ces forces intrinsèques. La France pèse toujours 20 % du produit intérieur brut de la zone euro. C'est encore la cinquième puissance économique mondiale et ses multinationales font des envieux. Sur les 21 sociétés européennes figurant au top 100 des plus innovantes dans le monde, 13 sont françaises.

Ces ressources suffiront-elles pour rebondir ?

Outre les grandes entreprises performantes du CAC 40, la France dispose d'un atout naturel, c'est sa démographie. Alors que les pays du sud se vident, que l'Allemagne sait déjà qu'elle aura un sérieux problème de renouvellement des générations dans les prochaines décennies, la France est l'un des rares pays dynamique de la zone euro sur le plan démographique.

Un fort taux de natalité, c'est porteur pour les secteurs de la construction, des services à la personne et c'est un vivier de main d'oeuvre. Mais ce n'est pas un remède en soi pour ranimer l'économie française. Dans les années 2000, c'est l'Allemagne qui était désignée comme l'homme malade de la zone euro. Et c'est à cette époque qu'elle a entrepris les grandes réformes Hartz pour améliorer sa compétitivité. En France on attend toujours les réformes d'une ampleur équivalente pour relancer la machine.

 

Partager :