L'acier français a-t-il encore un avenir ?

À l'écart de la pression médiatique qui a entouré la fermeture du site ArcelorMittal de Florange, les députés français planchent en commission sur l'avenir de la sidérurgie en France. Ils ont entendu hier, mardi 12 mars 2013, les dirigeants de la Fédération française de l'acier.

 

L'exposé qui a été fait aux élus va sans doute les aider à préparer l'audition de Lakshmi Mittal. Le magnat indien de l'acier a accepté leur invitation et il viendra répondre en personne aux questions des députés le 17 avril a-t'on appris hier, une audition qui promet d'être très suivie.

En attendant d'en savoir plus sur le sort de Florange, le président de la Fédération française de l'acier, Philippe Darmayan, a surtout fait de la pédagogie pour expliquer dans quel contexte et sous quelle condition l'acier français est rentable. D'abord un constat : la sidérurgie française a de beaux restes.

Même si sa production annuelle est infime au regard de la production mondiale, cette activité dispose de quelques belles pépites, comme par exemple, Vallourec le champion mondial des tubes en acier. La moitié de la production est exportée, mais sa vocation est d'abord d'alimenter le tissu industriel français. Son premier débouché est la construction, le second l'automobile.

Quand la croissance est en panne, comme c'est le cas en ce moment en France, rien d'étonnant donc à ce que la sidérurgie boive la tasse. Premier message : il ne faut pas espérer de rebond tant que la croissance ne sera pas revenue. Deuxième message, la sidérurgie s'inscrit dans le contexte mondial et ordinaire d'un marché de matières premières, or sur celui-ci comme sur les autres, quand la demande s'évanouit et que les prix baissent, comme c’est le cas dans le secteur de l’acier depuis 2008 il n'y a pas d'autre option que de réduire les capacités de production.

ArcelorMittal a restructuré comme les autres sidérurgistes européens

Philippe Darmayan, qui est aussi le dirigeant du deuxième producteur européen d'inox, a expliqué qu'il avait mis en veilleuse certaines de ses lignes de production. Au passage, il en a profité pour dégonfler le projet de reprise de Florange porté par Duferco. Le groupe prétendait qu'il pouvait encore faire baisser les prix.

Une stratégie à courte vue selon Philippe Darmayan, c'est seulement parce qu'il reprenait le site pour un euro symbolique que cette politique commerciale lui était permise, mais elle aurait alors entrainé tout le marché vers le bas, et Philippe Darmayan de faire remarquer que la société présentée comme le sauveur de Florange a dans le même temps fermé le site belge de Charleroi pour faire face à la baisse de la demande.

La bataille de Florange serait donc perdue ?

Pour les dirigeants français le gouvernement s'est surtout trompé de bataille. Celle qui compte pour l'avenir, c'est celle de Dunkerque et de Fos, là où il a été décidé dans les années 50 de développer la sidérurgie pour être à proximité des ports où arrive la matière première, c'est-à-dire le charbon et le fer que nous n'extrayons plus de notre sous-sol. Stratégie de long terme qui est toujours d'actualité.

Pour maintenir l'avance technologique de Dunkerque qui est en fait aujourd'hui l'un des sites les plus performants en Europe, il est urgent de rénover les équipements. Priorité à la modernisation de la sidérurgie française. Reste à gérer au mieux la restructuration, ce que les dirigeants de l'acier nomment pudiquement la gestion prévisionnelle des emplois.

En bref dans l'économie

L'Agence française de l'environnement lance un programme de recherche pour faire maigrir les voitures

Plus une voiture est lourde, plus elle consomme de l'énergie et plus elle émet du CO2, or les voitures pèsent de plus en plus. Depuis les années 60, elles ont grossi d'une demi-tonne. C'est pourquoi l'Agence lance ce programme, pour réduire le poids du véhicule d'au moins 250 kilos. Il existe déjà une réponse technique : c'est d'employer plus de composites à la place du métal, mais cela fera grimper d'autant le prix. C’est pourquoi d'autres solutions sont à découvrir car la voiture légère de demain doit bien sûr rester compétitive.

 

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